C’est un pèlerinage
Sans but
Sans lieu de culte
Sans idole
Le même voyage
Euphorique la dernière fois
Ici descendu en flammes
Dans les rougeurs ardentes de l’automne
Ta virtualité toujours aussi palpable
Cette fois-ci
À sens unique
Sur les mêmes routes
ton visage dessiné
Sans traits
ta voix modulée
Sans timbre
Ton rire éclaté
Sans écho
Les sommets suisses
Fondus dans la neige précoce des brouillards
Me narguent de ton absence
Je roule en silence
En écoutant mon cœur troublé par l’arythmie
traverser les fissures goudronnées.
Ton cœur Bien plus qu’accroché Les sangles souples de tes seins Et ce fleuve tranquille Où se noie ta sueur
Les blés de tes cheveux Qui fleurent bon la moisson Et l’or dans tes yeux verts Qui me pète au visage
Ne manque que ta voix Sur la toile Enfermée Ne manque plus Que le souffle rauque De ta bouche endormie … Un dernier coup de pinceau Pour dire C’est terminé
Sur la route du retour du Cap Nord, un équipage plutôt insolite : une très grosse moto avec un couple, un side-car et une mini remorque à l’arrière. En largeur, ils prennent autant de place qu’une voiture.
Je suis au volant, je suis intriguée. Je les suis pendant plusieurs kilomètres, je trouve l’équipage original et pour changer je me fais un film : je vois le petit passager du side-car, tête blonde (Scandinavie oblige) qui aura plus tard des souvenirs fabuleux de sa petite enfance à raconter.
La route est sinueuse, le motard roule prudemment, il a charge de famille et d’ailleurs la vitesse n’est pas un critère d’appréciation en Norvège.
Je continue de les suivre élaborant mon beau scénario, j’ai envie de connaître ce bébé de près qui a commencé sa carrière de motard si jeune et si j’ose, je demanderai même la permission de le prendre en photo pour étoffer mon livre personnel des records.
Je pourrais lire sur le visage de l’enfant le sourire épanoui de la découverte, le plaisir précoce de se distinguer de ces bébés engorgés dans leurs sièges auto jusqu’au cou et lui, petit cosmonaute dans sa capsule semi-transparente (j’espère qu’il y a une ouverture de fenêtre assez grande pour qu’il puisse admirer ce paysage polaire.
Au bout d’une demi-heure, la moto s’arrête sur un parking. Une femme (au vu de ses formes arrondies sous la combinaison de cuir moulante) desserre son étreinte, rend au conducteur la liberté de son tour de taille. Elle lève la jambe et descend de moto, se penche pour ouvrir le couvercle précieux.
Une grosse masse noire jaillit de la carcasse éventrée.
Le bébé charmeur s’est transformé en un effrayant doberman qui, déjà, me montre ses crocs.
Il sait et depuis un moment que je l’observe et cela n’a pas l’heur de lui plaire. Il me congédie hautainement.
C’est alors que je me rends compte que je me suis trompée d’itinéraire, distraite par le désir inconscient et la curiosité de connaître cette famille.
Son troisième membre qui trônait invisible à mes yeux sur le siège passager du side-car, ne se montrant nullement avenant, je rebrousse chemin sans tarder !
Mais savoir aussi la souffrance du passage, l’indicible souffrance, la souffrance qu’on sait absurde parce qu’elle n’est pas un moyen, pas un moyen pour une fin...On ne sait pas ce qu’il en sortira, de grand ou de petit. Savoir qu’on ne sait pas.
Les caresses non prodiguées J’en ai fait des sculptures Qui modèlent le vent
Les regards à peine nés Déjà évanouis J’en ai fait des peintures Aux couleurs délavées Aux contours imprécis Et doux
Les paroles ardentes Recouvertes d’un coup D’éteignoir J’en ai fait des fantômes Qui peuplent mes grands jours de vide
Et les sourires ? Les sourires ? Je les ai gardés Malgré toi Ô grand effaceur Je les ai kidnappés Du fond de tes ravines Gravés aux sommets des montagnes Ils me disent encore : La joie partagée Même un court instant Ne disparaît Jamais Tout à fait Son ombre continue de Nimber les nuages gris
Et si malgré tes serments Négatifs Tu venais ici me rendre visite Subreptice Tu extirperais de ta mémoire Cadenassée Quelque caresse Quelque regard Quelque parole Quelque sourire Rescapés du déluge
Le ciel était plombé et la mer était blanche. A travers les gouttelettes éparpillées sur la fenêtre du train qui s’essouflait À l’approche d’une gare supposée proche Je voyais ces oiseaux gris S’attarder les pieds au froid Installés comme pour un festin Aux senteurs d’herbes durcies