vendredi 30 juillet 2010

Quel parfum ?


Quel parfum mettras-tu ?
Quel manteau
Auras-tu un foulard ?
Comment te reconnaître ?
Seras-tu à l’heure
Et cette heure correspondra-t-elle
À mon horloge intérieure ?

Je t’attends
Tu n’arrives pas
Est-ce un mauvais présage
As-tu eu peur
Au dernier moment
M’abandonnant à mon « triste »sort ?
Et si tu ne venais pas
Serais-je fâché
Te parlerais-je encore
Je ne t’ai pas vraiment laissé le choix
Tu détestes, je le pressens, être mise devant le fait accompli
Je suis parti si vite
Avant que tu n’acquiesces
Du moins complètement



Des pas dans l’escalier
Des pas décidés avec une once cependant d’hésitation
Est-ce toi, enfin, imponctuelle
Telle que je t’ai imaginée
Ou différente
Attirante
Ou repoussante ?

C’est ton sourire
Qui te précède …
Tu t’avances vers moi
Conquise et conquérante
Je te salue et je te souris

mardi 27 juillet 2010

Au carrefour des pulsations







J’imaginais cet endroit
Que je n’avais jamais touché
Que je ne toucherais jamais
Au carrefour de tes pulsations
Là où ton cœur devait battre
Pour quelqu’un
Ou simplement pour toi
Par soif de vivre inéluctable.


Sur cet endroit invisible
J’aurais posé ma main
Longuement
Pour sentir ton énergie
Et te transmettre la mienne.

Alors
J’aurais parlé
Des phrases creuses
Ou passionnées
Ou je n’aurais pas parlé
Guettant dans le silence
Le tam-tam de ta poitrine

Bah, l’affaire est classée
Tu n’as pas de cœur
Ni d’existence réelle.

Alors je me contenterai d’allumer la radio
et d’écouter la musique des hommes.

samedi 24 juillet 2010

Je suis une paillette



« Je suis une paillette »dit-elle
avant de se faire cuire un œuf.

Je cherchais dans son aire ce qui avait provoqué cette révélation
la fascination d’une brisure d’écaille
l’apanage du feu
ou l’œuf qui frétille en se débattant dans la poêle.

Les contours glacés entouraient le soleil qui s’arrondissait.
D’un geste agile, elle émailla cette surface chaude de grains de beauté
qui crépitèrent en se dissolvant.

Alors j’aperçus au coin de son cil
l’ombre d’une étoile
qui clignait dans l’obscurité naissante.

mercredi 21 juillet 2010

Rose est la cire




En s’approchant de la cire rose
Des paillettes de lumière ponctuent les horizons cernés.

Dessous, la flamme continue de battre la mesure
Divulgue sa caresse émolliente et suicidaire
En consumant les ardeurs du temps

samedi 17 juillet 2010

Fin de tournage



J’avais l’impression de jouer dans un mauvais film, que la moindre variation de scénario ramènerait à la case départ, sans issue possible pour la belle idylle que j’avais envisagée avec l’acteur principal.


Non, ce n’était pas un jeune premier.
Il ne devait pas être à son bout d’essai.
Il maniait le rôle avec une dextérité stupéfiante.
Calembours, coups de théâtre, dérision, causticité, humour, imagination débridée …
C’était un plaisir renouvelé que de lui donner la réplique.

Il était avenant, attentif … il me donnait parfois des conseils d’écriture, peaufinait certains de mes dialogues, me secouait dans mes déclarations péremptoires.

Il s’absentait souvent, appelé vers d’autres missions de représentation.
Il avait de beaux rôles à jouer ailleurs, une célébrité à entretenir, des femmes adulantes à rencontrer, des intellectuels éclairés avec qui avoir des conversations utiles.

Et moi, je me sentais toute petite.
Cet univers filmique était quelque chose d’étranger pour moi.
Qu’il m’ait laissé entrer dans le sien, je n’en revenais pas. Ma lucidité habituellement clairvoyante à ce sujet semblait s’être endormie.

Quelques houles étaient venues perturber la douceur béante où nous avions baignés au début. Certaines piques, des propos acérés de part et d’autre avaient obscurci nos échanges. Mais je comptais sur la tendresse que j’avais ressentie très fort pour niveler tout ça.

Puis, après une plus longue absence, il revint, distant. Ses réponses étaient plus évasives, plus hésitantes. Il me dit enfin ce qui couvait depuis un certain temps : le rôle ne l’intéressait plus. Il ne parla alors plus que de divergences.

Je pensais qu’il avait trouvé un contrat ailleurs. J’en eus bientôt la confirmation en lisant un entrefilet dans la gazette. Sa partenaire était la partenaire rêvée : belle, jeune, cultivée, spirituelle, prête à déployer le tapis rouge flatteur à la moindre de ses répliques, goûts déclarés identiques, connivence apparemment parfaite !

Moi, je suis restée seule avec mon scénario inachevé.
J’ai bien essayé de lui concocter quelques variantes mais le moral n’y était pas, le moteur, non plus, parti pour une autre adresse.

Alors j’ai placardé sur la porte des coulisses :
Suspension à durée indéterminée pour cause de désistement …

vendredi 16 juillet 2010




A l’angle du ciel et de la terre
La route craquelée monte à perdre haleine.

Qu’y a-t-il derrière
Ces lignes éperdues ?

Un au-delà
Qui chavire ?

Ou rien
Qu’on ne puisse créer ?



Texte publié ici
http://lesmillemots.wordpress.com/2010/07/15/angle-ciel-terre/

lundi 12 juillet 2010

Les collines et la mer





La petite bergère regardait la mer, au loin, par delà les grandes étendues vertes, là où un jour, elle irait se baigner.

La petite bergère pensait, au sommet de sa colline, que la mer était proche, qu’il suffisait de suivre la pente abrupte et continuer vers l’est, toujours vers l’est, escalader une autre colline et continuer dans la direction du sable dont elle imaginait déjà, la nacre jaune, caresse rugueuse sur sa peau durcie par les vents du nord.

Elle ne savait pas qu’elle aurait pu marcher des jours et des jours pour rejoindre la mer au travers des collines qui se multipliaient chaque fois qu’elle atteignait un sommet.
D’autres l’avaient fait avant elle et s’y étaient perdus, avaient dû renoncer, épuisés d’avoir usé leurs bottes sur ces cailloux glissants.

Elle ne savait pas, la pauvrette, elle qui avait à peine eu le temps d’apprendre à lire et à parler aux humains, que ces collines étaient interchangeables et formaient autour de leurs victimes innocentes une ronde infernale se reconstituant au fil des escalades et attisant la fièvre des montagnes et l’envie de l’eau bleue.

Irait-elle un jour rejoindre la cohorte des ombres qui aspiraient à la lumière embrumée de l’océan ?
Abandonnant ses moutons aux chiens de berger …

jeudi 8 juillet 2010




J’aime tes mots.

Ils me caressent, ils me soufflètent, ils m’enchantent, ils m’importunent, ils me déstabilisent, ils m’enivrent

Je les aime tous, quelle que soit leur couleur ou leur intensité, ils m’arrivent par brassées ou par petits paquets, ils déferlent dans les couloirs de ma solitude, ils résonnent dans mon inconscient, ils éclaboussent mes convictions profondes, ils interrogent mes connaissances, ils m’enveloppent de leur tendresse discrète, ils détectent un sourire au coin de mes lèvres ou provoquent de grands éclats de rire.

Ils m’enlacent, ils me délassent et jamais ne me lassent !

Toi dont je ne connais pas le visage mais dont les mots me connaissent si bien !

dimanche 4 juillet 2010

Dissection




Je regardais Hélène
Elle disséquait ses voisines
Avec sa faux extensible
Qui drainait un chapelet de mots mauvais.

L’autre femme, ma mère
Se taisait
soumise.

Je ne l’aimais pas, Hélène
Prototype de la médisance
Grande prêtresse de la calomnie
Enrubannée de paillette acides.

N’aimais pas sa fille non plus
Erigée en vestale sur un piédestal énorme



Et moi, si petite, si secrète
J’aurais voulu scier les colonnes du temple
Et faire vaciller
Toutes les statues d’argile

jeudi 1 juillet 2010

Dans la pierre

















Tu resteras toujours
mon enfant
drapé de pierre

Sourire énigmatique