lundi 31 mai 2010

Scène de café (fin)




Les clients l’écoutent, sourient ou sont gênés, équivoque des sentiments face à une femme qui s’affirme !

Il lui montre son livre. Sans même cligner des yeux, j’arrive à déchiffrer le nom de l’auteur et le titre, avec ma vue supérieure à 10 et qui faisait toujours l’étonnement des collègues de classe.
Dans ma tête, je les imprime, histoire de vérifier sur internet. Peut-être que c’est quelqu’un de connu par la gent livresque et que je ne connais pas par ignorance.
Oui, la photo, c’est bien lui, un peu plus mince, un peu plus sérieux … Décidément, elle ne s’attable pas avec n’importe qui !
Je pense qu’elle rêve d’être éditée ; elle a déjà tenté de séduire plusieurs maisons d’éditions, mais ils n'étaient pas preneurs. Elle ne comprend pas, n’admet pas, tous ses amis sont fous de ce qu’elle écrit.
Mais ses amis, hélas pour elle, ne sont pas pas des lecteurs moyens, la cible privilégiée des éditeurs. Il faudrait moins de causticité et plus de sentiments positifs ! Enfin, j’extrapole à travers les remarques qu’elle place haut et avec une certaine amertume.

Lui, je ne l’entends pas, il susurre, essaie de la calmer en prenant un petit air tristounet.
Ils enfilent café sur café, lui semble habitué, elle, un peu moins.
Je lui prédis une nuit d’insomnie et de beaux cernes grisés au petit matin. Elle n’ést pas si jeune, il faut qu’elle se batte maintenant et pour la célébrité et pour l’homme sur qui manifestement elle a des vues rapprochées.


Elle lui tapote la main, lui prend les doigts qu’il retire délicatement en faisant semblant de devoir se gratter ou de vouloir lui montrer un détail de son livre.

Malgré leur proximité, je sens comme un voile de distance entre eux. Peut-être suis-je simplement jalouse de cette apparente connivence.

J’avais, autrefois, connu des sentiments similaires l’espace d’une soirée, des sentiments qui semblaient partagés, alors j’avais joué la spontanéité et m’étais fait casser la figure quelques semaines après.

Cet homme à quelques pas de moi me rappelle cet autre. Quelque chose dans l’allure, dans le port de tête, dans la façon de sourire. Dans les traits, je ne sais pas, j’ai tout oublié des lignes de son visage, c’est étonnant moi qui me croyais physionomiste. Mais il existe des gens qui traînent derrière eux un brouillard vaporeux qui estompe les grandes lignes pour ne garder que le timbre de la voix ou l’éclat d’un sourire.

Bon, je vais arrêter de vivre par procuration, je paie mon chocolat chaud que j’ai bu froid à force de zieuter alentour, je me lève. Je passe près d’eux, elle me lance un regard inquisiteur à la limite de l’hostilité…lui me fixe dans les yeux d’un air interrogateur.

Je me dis, sceptique et blasée, que leur histoire finira comme la mienne …en eau de boudin.

dimanche 30 mai 2010

Scène de café (1)



Je l’imagine avec sa grande gueule et ses airs de noblesse usant malhonnêtement de la particule dorée.

Elle se tient comme un homme, un peu décentrée, la cigarette au bec, les yeux de biche fraîchement redessinés.
La fumée voile ses dents jaunes, la nicotine a la dent dure et en admiratrice de Sand et de Balzac, elle la pratique avec le café.
Dame, il faut bien s’inspirer des grands.

Elle note au gré des lectures tout ce qu’elle n’a pas lu, qu’elle doit absolument avoir lu pour être le page à la page. Prend des notes qu’elle ressortira, fumantes, quand l’occasion se présentera de les intégrer au discours ambiant.

Elle me regarde méchamment. Elle pense que j’attends quelqu’un, le même qu’elle, quelqu’un qui lui appartient et qu’elle défendra bec et ongles contre les furies rôdant autour. Toute femme pour elle est une usurpatrice potentielle.

Mais on ne peut s’aliéner la moitié de la population du globe. Alors faire contre mauvaise fortune, bon cœur, même s’il faut y rajouter quelques gouttes d'huile essentielle d’hypocrisie habilement ajustées.
Se faire des alliées, pas trop brillantes pour qu’elle puisse garder le dessus, dociles pour qu’elles l’enrobent de leur miel et sabrer immédiatement dans ce qui est déplaisant, l’écarter, le mettre en quarantaine avec autorité et condescendance

Il est arrivé, un sourire au bras, un livre dans l’autre, l’a reconnue tout de suite, il sait d’expérience qu’elle s’installe là où la lumière la met en valeur, l’a embrassée furtivement en regardant autour. Il est marié et tient à sa tranquillité conjugale.
Il tourne nerveusement son alliance, tic qui le démange quand il se prend en défaut.
Il m’a jeté un coup d’œil rapide, en faisant semblant de ne pas s’attarder mais je l’ai senti : il désapprouvait mon regard, je dois lui rappeler quelqu’un à qui un jour il a distillé ses boniments.
Puis ils ont parlé, elle, à voix haute, lui à voix basse. Elle rit aux éclats, ce doit être un comique …à moins qu’elle se moque de lui, elle qui adore donner des coups de griffe et choquer.
J’entends son langage, à elle, pas très stylé, des gros mots, des onomatopées tonitruantes.
Sans doute garde-t-elle ses talents d’oratrice pour l’écriture.

vendredi 28 mai 2010

Sérieux s'abstenir


Je veux pas qu’on prenne au sérieux
Même quand je dis des choses graves, des choses tristes
Faut pas me croire

Je rêve en noir quand j’ai épuisé le rose
Et quand j’ai l’air solaire
Faut pas penser que ça va durer
Je suis une girouette et les vents des mots me tournent en bourrique


Je vous vois ici, si sérieux
Avec vos mots bien propres, bien alignés, acérés
Vos flèches perfides
Ou vos caresses ramollissantes
Vos raisonnements intello dont je ne comprends goutte
Parce que c’est trop fatigant de se creuser les méninges
Ça laisse des trous dans la tête
Et je suis déjà pleine de courants d’air

Aujourd’hui, je m’la fais amoureuse
Mais de qui, j’en sais rien
Je vais vous bichonner des petits mots bien gratinés
Vous verrez ça va vous épater
Je sais que sous vos fronts soucieux ridés pour l’occasion
Vous avez besoin de vous distraire
De vous dérider, relaxer
D’enlever vos pompes pour respirer
De desserrer vos cols
De desserrer les dents
Et d’aérer votre bouche dans un éclat de rire .

Faut pas se prendre au sérieux, je vous le dis
Ne partez pas
Vous n’aimez pas mon style
Mais comment pouvez-vous dire ça
Puisqu’il est flexible
Mouvant délirant dépliant
C’est selon…
Je ne veux pas qu’on me prenne au sérieux …

mardi 25 mai 2010

La chambre en solitaire



J’attends dans la solitude calfeutrée de ma chambre
Ta venue
Ou ta non-venue
Ton humeur
Câline
Ou ombrageuse
Ta voix douce
Ou tes éclats foudroyants

A entendre tes pas
Dans l’escalier
Tes pas vifs
Pressés
Impatients
Je ne sais
Quelle sera la température
De tes humeurs
Fluctuantes
Contradictoires
Déroutantes



Un frisson tendre de printemps
Une averse chaude d’été
Une giboulée d’automne
Ou le silence glacial enneigé de l’hiver

Ici dans l’univers du cœur
Les saisons défilent
A l’encontre de toute rationalité

Sans espoir
Sans fin
Je me perds dans le puits
Sans fond
Des interrogations.

vendredi 21 mai 2010

Affadissement


Un jour quand je vous aurai oublié, quand à mon tour, je me serai diluée dans l’espace, vous viendrez me trouver.

Je ne vous reconnaîtrai pas, ou alors, à peine.
Emmêlée dans les tours que j’ai concoctés pour tâcher de vous effacer, cent fois sur le métier remettant mon ouvrage.
J’essaierai peut-être, du fond de mes tiroirs cérébraux poussiéreux de rechercher ces bribes de mots archivés depuis longtemps qui m’avaient envoûtée.

Dernier sursaut-nostalgie avant réinitialisation. Le fil trop tendu trop longtemps sera rompu à jamais.
Alors, je vous dirai simplement bonjour, passez votre chemin, ces joutes d’abandon-séduction ne sont plus de mon âge.

Oui, je sais, un reste d’illusions : cela ne se peut pas, vous m’avez effacée depuis longtemps déjà.

mercredi 19 mai 2010

Miroitement




Dans la vitre trouble
Une fissure nette reflète les variations du soleil
Et raconte l’humeur changeante des nuages

Brillance et ternitude se succèdent
Derrière le voile grisé.

mardi 18 mai 2010

Gare




Dans cette gare aux piliers arrogants comme des colonnes d’église, je me confondais avec la grisaille.
Je regardais passer les trains dans leur fulgurance.

Parfois, j’imaginais t’apercevoir à la fenêtre, en grande conversation avec de gentes dames.

C’est drôle, à l’époque où l’on se fréquentait, jamais, tu ne m'avais donné l’impression d’être un séducteur.
Un baratineur, certes, enjoué. Tu me faisais tellement rire.

Une fois, une seule, on a pris le train ensemble, c’était un soir d’automne et il faisait beau dans cet entre jour et nuit.

Oh un trajet très court, une heure voire une heure et demie, encore écourté par la sensation de légèreté et de bonheur qui avait imprégné ce moment rare. Je n’avais rien vu du paysage, que le gris de tes yeux, rien entendu de la ville que le timbre coloré de ta voix.

Tu m’envoyais chaque jour des petits mots griffonnés à la hâte sur des papiers chiffonnés. Je les ai tous gardés, dans une boîte à chaussures. Il paraît que les boîtes à chaussures gardent bien emmitouflées les pensées terre à terre. J’ai parfois soulevé le couvercle mais les mots avaient cessé de me parler, perdu leur force évocatrice : ce n’étaient plus que des hiéroglyphes, incongrus, anachroniques.

Depuis ce jour où tu claquas violemment la porte comme on fait tomber le couperet
d’une guillotine avec non-option de remonter le temps. Il paraît qu’avant de passer au geste fatal, tu m’avais tout expliqué en long et en large les raisons de ton brusque revirement « ça vaut mieux … » « trop de différences » …
C’étaient des mots de lassitude, de jeter après usage, si courants dans une société de vite tout à l’égout. Je n’avais rien compris.
Tout comme au début, je n’avais pas compris cet engouement réciproque pour nos conversations hors du temps.

Dans cette gare où je reste en stand-bye, oh, pas après toi – je ne manque pas de lucidité à ce point -, les têtes coupées avec véhémence ne se recollent pas.

dimanche 16 mai 2010

La tasse bleue

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Ta robe bleu de ciel dégagé t’allait à ravir, ton filet d’or exhalait des senteurs citronnées.
Tu restais là sans bouger, amorphe devant la volonté abdiquée de l’homme en face de toi.
Tes pouvoirs ne te permettaient pas encore de pouvoir capter indéfiniment la chaleur, et même si elle pénétrait tes entrailles, ce n’était jamais qu’un interlude, un fluide transparent qui allait et venait.

Près de toi, une plume d’argent bleu gisait, desséchée de l’intérieur sous le feu ardent de la lumière écrasante de près des citronniers.

Je n’osais pas t’approcher. L’homme me jeta un regard hostile et te repoussa d’un geste impatient.
Je n’eus que le réflexe de tendre la main pour t’accrocher à mi-hauteur et te sauver d’une chute vertigineuse qui aurait signifié ta perte.

L’homme s’était levé en hâte et avait disparu vers les citronniers.

Dans ma main humide inondée de nectar citron, je tenais tes vestiges : ton cœur vide et ton manche désormais disloqué.


Un petit jeu d'écriture proposé par blog à mille mains

A l’encordage !






Moi avec mes principes d’égalité, j’ai négocié que nous obtenions chacun une corde pour nous pendre ; mais quand ils nous les ont montrées, j’ai compris que même dans la mort, il n’y avait pas d’égalité.

A toi, mon maître, une belle corde verte tressée dans une matière noble, arrogante et fière.
A moi, un vulgaire ruban de caoutchouc aux allures de matériau de récupération.

Et toi, égal à toi même, tu ne m’as même pas proposé d’échanger.

Bah, je préfère fermer les yeux !
Un peu plus tôt, un peu plus tard !
Je présume déjà du sort qui m’attend sur l’autre rive !

Transfuge

Essayer de trouver un endroit plus convivial, plus accueillant, c'est mon objectif en ouvrant ce blog ici.
J'ai eu tellement de déboires avec Skynet, perdu tant d'énergie à justifier l'injustifiable qui est la création de barrières d'accès aux autres blogueurs.
Une nouvelle tentative sous le signe du climat capricieux !
Bienvenue !