mardi 26 juillet 2011

Nature subliminale




Les yeux voient ce qu’ils veulent bien voir, à moins que les objets, les éléments de nature ne prennent forme humanoïde que pour mieux nous intriguer.

Ce visage, je l’ai déjà rencontré.
Quelque part, dans une dimension héroïque ou sentimentale.
Il feignait de ne pas me regarder
Mais je le sais
De coin il m’observait
Longuement
Alors
J’ai fait semblant
Moi aussi

20/07/2011

(Clin d’œil à Arcimboldo)

mercredi 20 juillet 2011

Zoo




Derrière les barreaux serrés
Emmitouflée dans ma belle robe noire
Les yeux en écoutille
Je regarde ces petits d’hommes
Aux gestes saccadés.
Je les entends pousser des cris
D’admiration
D’horreur …
Ils me paraissent
Dans leur chair grassouillette
Bien appétissants
Bien plus que ces pavés
De viande reconstituée
Qu’on me lance avec mépris
Et rudesse
Comme si j’étais un fauve.
Ils ne savent pas
dans mon pays
J’étais princesse
J’étais savane
Et que les meilleurs morceaux
M’étaient réservés.
Un jour peut-être
Un moment d’inattention
Retrouver mes instincts
Rabroués
Et fuir
Au travers des grandes artères
Au rythme chaud
Du goût du sang.

jeudi 14 juillet 2011

Le bourdon





Je n’ai jamais aimé ce garçon.
Plus grand que ses copains de classe, fils unique, il avait un malin plaisir à faire enrager les filles

Dans la cour de récréation, il se faufilait sous les barrières et allait cueillir des orties pour venir les agiter devant les filles en les menaçant de ses grands yeux de bille.
Alors, les petites se terraient dans quelque coin sombre pas loin de l’institutrice qu’il leur disait de se disperser.

Elle ne pouvait même pas imaginer que le fils de sa collègue, la future directrice était ce petit démon ravageur.

Je n’ai jamais aimé ce garçon.
Puis il a grandi et je l’ai perdu de vue.
Quand sa femme est morte, d’un cancer, je n’ai eu aucune compassion pour lui, il affichait cette froide indifférence qui dissimulait sa cruauté congénitale.

Non, je n’ai jamais aimé ce garçon et la réciproque doit être vraie : pour lui, j’étais invisible, à part à la maternelle quand je représentais une paire de jambes juste bonnes à être flagellées.

samedi 9 juillet 2011

dimanche 3 juillet 2011

Pèlerinage




C’est un pèlerinage
Sans but
Sans lieu de culte
Sans idole
Le même voyage
Euphorique la dernière fois
Ici descendu en flammes
Dans les rougeurs ardentes de l’automne

Ta virtualité toujours aussi palpable
Cette fois-ci
À sens unique

Sur les mêmes routes
ton visage dessiné
Sans traits
ta voix modulée
Sans timbre
Ton rire éclaté
Sans écho

Les sommets suisses
Fondus dans la neige précoce des brouillards
Me narguent de ton absence

Je roule en silence
En écoutant mon cœur troublé par l’arythmie
traverser les fissures goudronnées.