jeudi 29 mars 2012

Sans fond




Une foule
Une foule pleine à ras bord
Me suis immergée dedans
Foule qui empestait
L’alcool
La sueur
La fumée



Ils se balançaient
D’amont en aval
Scandant un rythme subliminal
Dans un flou
À peine perceptible

Leurs ondes proches
Leur haleine attisée
Me crachaient leur mépris
À la figure
la différence
Est toujours source de
Mépris.

En me balançant
Sans conviction
Dans leurs vagues ineptes
Je guettais le sens
D’un courant de sortie

Mais pas de courant
Ni de sortie

Alors vaincue
Désespérée
Ou indifférente
Ou tout à la fois
Je me suis laisser tomber

Je ne me souviens pas
D’avoir jamais atteint
Le sol.

lundi 26 mars 2012

Hé Cendrillon



 Arrête de feignasser à la fenêtre !
Qu’est-ce que t’attends : une citrouille géante, un prince charmant multicolore, des lampions qui valsent avec les flocons de neige ?

Et puis, prends pas ces allures de Lolita aux pieds nus avec des épaules dénudées.
Pas étonnant que tu augmentes le thermostat et que les chiffres de mes factures atteignent des paliers invraisemblables.

Couvre-toi, chausse-toi.
Et lave-toi les dents avec autre chose qu’Hollywood chewing gum dont tu sèmes les cadavres sur la moquette et le divan.
Et noue tes cheveux que tu vas encore laisser flotter dans la soupe.

Tu m’écoutes ? Tu m’entends ? C’est quoi ce spectacle qui ne me laisse voir que ton dos inerte ?
Tu dors debout ou quoi ?


Allez, va faire tes devoirs et ranger ta chambre, prends des initiatives constructives et réponds moi.
Pourquoi tu hausses les épaules (dénudées) d’un air méprisant ? (vu de face, je suppose qu’il l’est).

Sache que tu me dois le respect, je ne suis pas ton petit camarade de classe. Ouste !


lundi 19 mars 2012

Noël en février


 C’était le 4 février.

Quand j’ai sonné à la porte, Flore, la colocataire de ma fille m’a fait la bise en me souhaitant  "Joyeux Noël" ;  je lui lançais un regard interrogateur, elle me répondit : " Dans la famille, on fêtait Noël quand tout le monde était disponible, c’est parfois arrivé au mois de mai !"

Oui, ici c’était février, mais en décembre il faisait doux et maintenant l’hiver venait juste de montrer ses crocs. Moins 10° sur la route, de la neige dans le jardin, vraiment d’hiver.

Ma fille qui était partie Outre-Atlantique pour la fin de l’année avait tenu à maintenir la tradition du repas de fêtes, peu importe la date !

Alors on s’était tous concertés pour la date et le menu, la répartition des courses et des rôles.
Dix autour de la belle table ovale libérée pour nous par tous les colocataires disparus on ne sait où !

Ce fut une belle fête au milieu des rires et des souvenirs. Mon cœur de mère tout réchauffé de voir la belle entente tissée entre mes filles et une certaine complicité avec moi venue de très loin et très présente.

Nous avons dormi là-bas dans des lits d’appoint qui valaient bien le confort moral d’un palais.



Au matin, Raoul, le guitariste espagnol  dans son pyjama d’enfant vert aux motifs dysneliens me proposa un café qui prit des allures de grand cru.

Après un déjeuner brunch qui nous rassembla de nouveau autour de la table ovale, on débarrassa les derniers indices de la fête, rassembla les bagages et on repartit vers le grand froid du Nord qui n’avait rien à envier à celui de la capitale.
Ma fille et sa colocataire étaient pour ce dimanche de corvée nettoyage complet, mais avec le sourire, dans le respect mutuel que nécessite la vie en colocation.

Je pensais à ma jeunesse, aux longues soirées d’étudiants, à la musique et je souriais en revivant à travers ma fille quelques parcelles de petits bonheurs...

 Juste pour le titre
Juste pour le rythme...

jeudi 15 mars 2012

Sans lunettes



Pour ne plus te voir ou mieux voir ou percevoir autrement, j’ai décidé d’ôter mes lunettes.
Le monde m’apparaît dans un flouté doré dont j’ignore les contours précis.
C’est une nouvelle approche des choses, non plus parfaite dans l’asepsie médicale où l’on veut nous faire baigner pour toutes sortes de raisons mercantiles ou de confort.
Bien sûr par civisme et respect de vie d’autrui – on garde toujours quelques radicelles de morale élémentaire – je ne m’aventure pas à prendre le volant ailleurs qu’au sortir et entrée du garage.
La nouvelle vision des choses élève inévitablement des barrières.
Alors comme les personnages m’apparaissent dans leur globalité qui estompe les détails et les traits, mélange les couleurs dans un fondu-enchaîné, je vais perdre l’habitude de scruter les visages, d’imaginer que le hasard pourrait te mettre sur ma route.
D’ailleurs, en ce qui te concerne, le hasard n’existe pas ; seule ta volonté implacable oriente tes choix et exclusions.
Alors si tu venais à me croiser, nul besoin de détourner les yeux ou changer d’itinéraire.
Tu serais pour moi, un personnage dans sa globalité, sans détails ni traits …

lundi 12 mars 2012

Dernier toucher



Tes mains étaient si belles
Elles que tu n’avais jamais protégées
Elles qui n’avaient jamais travaillé que pour les autres

Elles reposaient
Sculptées
Dans le marbre diaphane
Sur la couche dernière

Ton visage si doux
Après tant de souffrance
Marquait une austérité
Que je ne te connaissais pas

Mais tes mains
Qui avaient prodigué tant de caresses
Sans rien attendre en retour
Tes mains attendaient
L’ultime effleurement

Derrière le froid
Vibrait ton âme
Encore emplie d’amour.


jeudi 8 mars 2012

Journée internationale des femmes




Je profite de cette journée pour illustrer un angle plus discret avec une chanson de la speedante Lynda Lemay (je cherchais depuis longtemps un prétexte pour la présenter !)
« Un peu »  à contre-courant mais en ce jour où l’armée des femmes descend dans la rue, pensons aux réformées de tous genres.
Par contradiction, les pavés lancés dans la mare pourraient-ils protéger des éclaboussures ?


Exit les wonder-women, fatiguées
D’avoir été boostées
Durant des années
Cendrillon
Bat rébellion
Contre l’évangile
De la gentillesse féminine
Les Wonder-Wumen ont les humeurs qui débordent
Avec ou sans ménopause
Leur cœur tout craquelé
Est prêt à éclater

Sous le masque de convenances
Leur rimmel a des goûts de rance
Leur belle figure
En a marre d’être donnée en pâture.

lundi 5 mars 2012

Ne réchauffe guère



Du vent qu’elle a tressé
En longs filetages dorés
Ne reste presque rien
une encoignure ombrée
Qui ne réchauffe guère

Des veines de mots
Perdues dans l’aquatique
Blotties au creux des pierres
Qui ne réchauffent guère

Un visage épars
Sur un glacier de bronze
Plaqué aux quatre vents
Qui ne réchauffent guère

Des doigts gourds
Qui ne s’activent plus
Des mains sculptées
Dans la matière friable
Et mouvante.