samedi 28 mai 2011

Le side-car



Sur la route du retour du Cap Nord, un équipage plutôt insolite : une très grosse moto avec un couple, un side-car et une mini remorque à l’arrière. En largeur, ils prennent autant de place qu’une voiture.

Je suis au volant, je suis intriguée. Je les suis pendant plusieurs kilomètres, je trouve l’équipage original et pour changer je me fais un film : je vois le petit passager du side-car, tête blonde (Scandinavie oblige) qui aura plus tard des souvenirs fabuleux de sa petite enfance à raconter.

La route est sinueuse, le motard roule prudemment, il a charge de famille et d’ailleurs la vitesse n’est pas un critère d’appréciation en Norvège.

Je continue de les suivre élaborant mon beau scénario, j’ai envie de connaître ce bébé de près qui a commencé sa carrière de motard si jeune et si j’ose, je demanderai même la permission de le prendre en photo pour étoffer mon livre personnel des records.

Je pourrais lire sur le visage de l’enfant le sourire épanoui de la découverte, le plaisir précoce de se distinguer de ces bébés engorgés dans leurs sièges auto jusqu’au cou et lui, petit cosmonaute dans sa capsule semi-transparente (j’espère qu’il y a une ouverture de fenêtre assez grande pour qu’il puisse admirer ce paysage polaire.

Au bout d’une demi-heure, la moto s’arrête sur un parking. Une femme (au vu de ses formes arrondies sous la combinaison de cuir moulante) desserre son étreinte, rend au conducteur la liberté de son tour de taille. Elle lève la jambe et descend de moto, se penche pour ouvrir le couvercle précieux.

Une grosse masse noire jaillit de la carcasse éventrée.
Le bébé charmeur s’est transformé en un effrayant doberman qui, déjà, me montre ses crocs.
Il sait et depuis un moment que je l’observe et cela n’a pas l’heur de lui plaire. Il me congédie hautainement.

C’est alors que je me rends compte que je me suis trompée d’itinéraire, distraite par le désir inconscient et la curiosité de connaître cette famille.
Son troisième membre qui trônait invisible à mes yeux sur le siège passager du side-car, ne se montrant nullement avenant, je rebrousse chemin sans tarder !




mardi 24 mai 2011

Brisure de vie




Pour pouvoir recommencer ...

lundi 25 avril 2011

Pause-tristesse

à durée à déterminer ou pas ...





Plus on meurt, plus on a à renaître.

Mais savoir aussi la souffrance du passage, l’indicible souffrance, la souffrance qu’on sait absurde parce qu’elle n’est pas un moyen, pas un moyen pour une fin...On ne sait pas ce qu’il en sortira, de grand ou de petit. Savoir qu’on ne sait pas.

Et consentir pourtant

Texte écrit par Aléna

jeudi 14 avril 2011

Absence créative





Les caresses non prodiguées
J’en ai fait des sculptures
Qui modèlent le vent

Les regards à peine nés
Déjà évanouis
J’en ai fait des peintures
Aux couleurs délavées
Aux contours imprécis
Et doux

Les paroles ardentes
Recouvertes d’un coup
D’éteignoir
J’en ai fait des fantômes
Qui peuplent mes grands jours de vide

Et les sourires ?
Les sourires ?
Je les ai gardés
Malgré toi
Ô grand effaceur
Je les ai kidnappés
Du fond de tes ravines
Gravés aux sommets des montagnes
Ils me disent encore :
La joie partagée
Même un court instant
Ne disparaît
Jamais
Tout à fait
Son ombre continue de
Nimber les nuages gris

Et si malgré tes serments
Négatifs
Tu venais ici me rendre visite
Subreptice
Tu extirperais de ta mémoire
Cadenassée
Quelque caresse
Quelque regard
Quelque parole
Quelque sourire
Rescapés du déluge

Un coin de terre ferme
Où t’asseoir
Un instant.

lundi 4 avril 2011

Fond de blancheur




Le ciel était plombé et la mer était blanche.
A travers les gouttelettes éparpillées sur la fenêtre du train qui s’essouflait
À l’approche d’une gare supposée proche
Je voyais ces oiseaux gris
S’attarder les pieds au froid
Installés comme pour un festin
Aux senteurs d’herbes durcies

mardi 29 mars 2011

Soif




A la sortie du train, il s’engageait à grandes enjambées dans le passage pour piétons bousculant presque ses voisins.
Il s’engouffrait dans le premier café
Comme s’il voulait se noyer dans un verre
Oubliant à l’instant qu’il y en avait eu des tas d’autres avant
Qu’il y en aurait des tas d’autres après
Qu’ils avaient tous la même saveur amère
A chacun d’eux, il réservait une dévotion particulière
Moment d’abandon du corps et de l’esprit
Nectar qui déshydrate appelle à une réhydratation imminente
Il n’aimait pas la solitude
Devant le verre qui pétille
Alors pour oublier, il fermait les yeux
En portant le verre à la bouche
Intérieurement, il alimentait tout un flux de pensées
Qui l’enrobaient tout entier
Dans son délire presque éthylique.

mercredi 23 mars 2011

Numérologue improvisé





Dans la galerie marchande
Atours tapageurs
Il m’avait fait le coup des cartes
des chiffres,
des lettres écrites en tout petits (vilains) caractères
et qui l’assumaient sereinement.

Il avait sorti de ses poches
format extensible
tout son attirail magique
des hiéroglyphes
qu’à travers ses mots
il rendait lisibles ou presque.

Ça changeait des colombes
Des lapins
Des foulards
Mais ça volait
Aussi rapide
Avec un effluve
d’entourloupe.

Il observait l’auditoire sceptique
Par-dessus ses verres de presbyte
Et ânnonait des phrases-type
Bizarres
Sorties de quelque grimoire
Poussiéreux

Il disait qu’il avait compulsé
Plein de livres sur cette science obscure
Qu’il les avait synthétisés
En avait tiré le meilleur
Les avait rendus accessibles au commun des mortels

Il trouvait réponse à tout vent contraire
Retournait les arguments comme des crêpes
prêtes à être enfilées

Il décrivait
l’action
le mystère
l’enthousiasme
l’aventure surtout
l’inadéquation de mon couple à mes attentes ou
l’osmose parfaite de ma jeune voisine avec
son amoureux
La fin tragique
Ou les pulsions meurtrières
De quelque autre présent

Je riais
Je savais tout ça

Les numéros qui parlent
Ne pouvaient pas changer
La face d’un monde
Moi seul le pouvait …

samedi 19 mars 2011







De longues traînées laiteuses caressaient les herbes,
s’insinuaient dans l’âme
entre les bras infiltrés des arbres,
atones.

mardi 15 mars 2011

Fossette tienne





Quand tu souriais au loin
J’imaginais
Carrefour de ta bouche en cœur
Cette fossette tienne
Aperçue au seuil du
Crépuscule
Sous les réverbères juste
Éveillés

Les pavés gris
Irradiaient mille lucioles
Reminiscences pluviales
Ou crépitement de nos yeux
Tes mots éclatants
Battant rythme

Ce grand soir
Historique en nos cœurs
S’est éteint
J’ai cru en d’autres
À renaître
Que l’avenir aussi
Tracerait convergence

Mais ta fossette
Avec ton sourire
Furtives siamoises
S’étaient évaporés

Tes mots éclatants
Éclatèrent
En mille débris
Épars
Je perdis le fil ténu
De tes traits
Cette douce habitude
T’attendre
T’entendre
T’apprivoiser