dimanche 25 septembre 2011

Départ



…et surtout ses yeux fixes qui regardent sans rien voir
Comme à l’affût d’un au-delà hypothétique …



La Mamma

mercredi 7 septembre 2011

Halles presque de nuit




Sous les cheminées rouges
Décor de carton-pâte
Enserrés dans leurs enclos gigantesques
Les animaux meuglent
À qui mieux mieux

Dans le pavillon
Leurs cris effarouchés
Transpercent les tympans de
Quelques passants distraits
Égarés dans
Le vestibule
De ces lieux interdits
Marteaux et enclumes
Envahissent irrémédiablement
La cochlée titanesque

Dans une boite transparente
Des étoiles phosphorescentes
Attendent d’être délivrées
Aux bêtes
Pour les rendre muettes
La nuit
Juste pour la nuit

vendredi 26 août 2011

Mystère de l'art




Elle a presque des yeux de biche
Un sourire à peine amorcé
Qui en dit long et rien sur celui qui la dessine
Dépeint ainsi son visage inoubliable
Dans la lueur bleuie
Du soir naissant

Longtemps j’en suis sûr
Elle hantera les rêves les plus fous
De ceux qui daigneront poser le regard
Sur son âme presque offerte

Longtemps
Elle posera
En chef d’œuvre
Dans les annales
De la beauté
Et de ses mystères





mardi 16 août 2011

Jardin botanique




Avec une fleur ramassée on ne sait où
Il a levé son chapeau
m’a saluée

Qui était cet énergumène
Qui zigzaguait sans vergogne
entre les allées du jardin botanique ?

Son haleine ne puait pas le rhum
mais l’herbe fraichement coupée
ou quelque chose d’approchant

Non pas qu’il m’ait approchée de si près
-mais le vent le portait jusqu’à moi-
Je n’ai pu m’empêcher
de sourire
sans connaître la raison de ce sourire
ni l’état d’âme qui le soulevait

Quand je suis passée près de lui
-c’était la seule route ou le demi-tour-
il m’a fait un clin d’œil
narquois celui-là
et a sussuré quelque parole informe

J’ai feint de ne rien entendre
D’ailleurs avait-il murmuré
Ou était-ce le vent

Je suis rentrée chez moi
une fleur était accrochée joliment
à mon flanc
comme une signature





jeudi 4 août 2011

Cette « chose »



Je ne croyais pas à la perfection
Cette chose vive
Éclatante
Soutenue par un pinceau
Subtilement orienté
Pour la mettre en valeur

Cette chose n’avait pas toujours
Eté accrochée au mur
Cette chose avait
Vibré dans d’autres espaces
Confinés
Avait répandu ses humeurs
Brumeuses
Défaite
Et reconstruite
Et défaite
Et victoire
Temporaire

Cette chose dont tu avais parlé
Cette chose qui squattait
Tous les sabirs du monde
Cette chose n’existait
Que furtivement
Entre deux secousses interstellaires



mardi 26 juillet 2011

Nature subliminale




Les yeux voient ce qu’ils veulent bien voir, à moins que les objets, les éléments de nature ne prennent forme humanoïde que pour mieux nous intriguer.

Ce visage, je l’ai déjà rencontré.
Quelque part, dans une dimension héroïque ou sentimentale.
Il feignait de ne pas me regarder
Mais je le sais
De coin il m’observait
Longuement
Alors
J’ai fait semblant
Moi aussi

20/07/2011

(Clin d’œil à Arcimboldo)

mercredi 20 juillet 2011

Zoo




Derrière les barreaux serrés
Emmitouflée dans ma belle robe noire
Les yeux en écoutille
Je regarde ces petits d’hommes
Aux gestes saccadés.
Je les entends pousser des cris
D’admiration
D’horreur …
Ils me paraissent
Dans leur chair grassouillette
Bien appétissants
Bien plus que ces pavés
De viande reconstituée
Qu’on me lance avec mépris
Et rudesse
Comme si j’étais un fauve.
Ils ne savent pas
dans mon pays
J’étais princesse
J’étais savane
Et que les meilleurs morceaux
M’étaient réservés.
Un jour peut-être
Un moment d’inattention
Retrouver mes instincts
Rabroués
Et fuir
Au travers des grandes artères
Au rythme chaud
Du goût du sang.

jeudi 14 juillet 2011

Le bourdon





Je n’ai jamais aimé ce garçon.
Plus grand que ses copains de classe, fils unique, il avait un malin plaisir à faire enrager les filles

Dans la cour de récréation, il se faufilait sous les barrières et allait cueillir des orties pour venir les agiter devant les filles en les menaçant de ses grands yeux de bille.
Alors, les petites se terraient dans quelque coin sombre pas loin de l’institutrice qu’il leur disait de se disperser.

Elle ne pouvait même pas imaginer que le fils de sa collègue, la future directrice était ce petit démon ravageur.

Je n’ai jamais aimé ce garçon.
Puis il a grandi et je l’ai perdu de vue.
Quand sa femme est morte, d’un cancer, je n’ai eu aucune compassion pour lui, il affichait cette froide indifférence qui dissimulait sa cruauté congénitale.

Non, je n’ai jamais aimé ce garçon et la réciproque doit être vraie : pour lui, j’étais invisible, à part à la maternelle quand je représentais une paire de jambes juste bonnes à être flagellées.

samedi 9 juillet 2011

dimanche 3 juillet 2011

Pèlerinage




C’est un pèlerinage
Sans but
Sans lieu de culte
Sans idole
Le même voyage
Euphorique la dernière fois
Ici descendu en flammes
Dans les rougeurs ardentes de l’automne

Ta virtualité toujours aussi palpable
Cette fois-ci
À sens unique

Sur les mêmes routes
ton visage dessiné
Sans traits
ta voix modulée
Sans timbre
Ton rire éclaté
Sans écho

Les sommets suisses
Fondus dans la neige précoce des brouillards
Me narguent de ton absence

Je roule en silence
En écoutant mon cœur troublé par l’arythmie
traverser les fissures goudronnées.