samedi 19 mars 2011







De longues traînées laiteuses caressaient les herbes,
s’insinuaient dans l’âme
entre les bras infiltrés des arbres,
atones.

mardi 15 mars 2011

Fossette tienne





Quand tu souriais au loin
J’imaginais
Carrefour de ta bouche en cœur
Cette fossette tienne
Aperçue au seuil du
Crépuscule
Sous les réverbères juste
Éveillés

Les pavés gris
Irradiaient mille lucioles
Reminiscences pluviales
Ou crépitement de nos yeux
Tes mots éclatants
Battant rythme

Ce grand soir
Historique en nos cœurs
S’est éteint
J’ai cru en d’autres
À renaître
Que l’avenir aussi
Tracerait convergence

Mais ta fossette
Avec ton sourire
Furtives siamoises
S’étaient évaporés

Tes mots éclatants
Éclatèrent
En mille débris
Épars
Je perdis le fil ténu
De tes traits
Cette douce habitude
T’attendre
T’entendre
T’apprivoiser

mercredi 9 mars 2011

Jean-Pierre




Jean-Pierre, hâbleur, voulait faire rire les filles.
Le teint déjà rougeaud annonçait les prémisses d’un futur tempérament sanguin.
Des bajoues accentuaient son côté chérubin bientôt déchu.

C’était le cousin de ma copine, cousin germain ou un peu moins ...elle aimait compliquer les explications généalogiques !
Ils se ressemblaient si peu que je me demandais de quelle branche il était descendu…

Dans la cour de la ferme, il venait plus souvent depuis que je fréquentais l’endroit.
Il faisait des blagues de quat’sous.
Oui, nous riions, pas des blagues. Mais de lui. De ses efforts maladroits pour passer à l’avant-plan.

Un jour, il attrapa une souris (je ne le croyais pas si agile !) et par la queue vint l’agiter sous nos yeux – toutes les filles, c’est connu, ont peur des souris ! -

Alors qu’il guettait notre réaction, le rongeur se retourna et lui mordit la main.
C’est un petit enfant qui hurla.
Tandis que nous nous esclaffions de ses piètres exploits.

jeudi 3 mars 2011

Danser




On dansait
Comme des malades
Tous les soirs
Jusqu’à la nuit ancrée
La notice dans les yeux
Le recul du temps

Jusqu’à épuisement
Jusqu’au couvre-feu
Qui couvrait nos sueurs

On avait pour modèles ces couples en papier
Glacé
Glisser sur les parquets lisses
Mus par les talons
haut
Si haut et pourtant sans vertige
Hormis la torpeur
De la musique

Et on s’endormait au son des tempos
Jusqu’à l’aube
Que lancinait
l’écho.

jeudi 24 février 2011

Fichus damiers !




Le sol un peu rugueux s’amusait à jouer à cache-cache avec les couleurs, devenait noir puis blanc puis noir encore, suite insensée. Si au moins j’avais pu détacher les couleurs et les ranger par famille, mais non, rien à faire.

Derrière moi, j’imaginais les pieds de maman balancer d’impatience parce que j’avais décidé de rester sur place jusqu’à trouver une réponse. J’avais dans ces moments-là l’impression qu’elle battait la mesure sur un air impalpable , mais ce n’était sûrement pas le cas : elle n’avait aucun sens du rythme et quand ensemble, nous battions dans les mains, elle se perdait dans des sonorités imperceptibles.

Autour de moi et des pieds de maman, il y avait d’autres pieds qui se promenaient sans but, s’arrêtant sans raison ou alors juste pour jeter un œil par la fenêtre dans le parc bordé d’eau. Moi, je ne voyais rien, mais en passant l’entrée, j’avais examiné les lieux, des fois que maman se serait perdue et que j’aurais dû lui prendre la main pour la guider, ah, ma gentille petite maman si distraite …

samedi 19 février 2011

Coquille




Et si le monde n’était qu’une coquille
Vide ou plaine
Selon nos moussons
Striée de nos peurs
Griffue de nos ressentiments
Lissée de nos espoirs

Tapoter du doigt
Sur son enveloppe défaite
Laisser échapper
Des films aux couleurs vives
Ou passées

Le projecteur crisse
Bruit
De crécelle cahotante
Et nos souffles courts

mardi 15 février 2011




Il est grand temps de sortir le plumeau ...

vendredi 11 février 2011

Déchu





Objet déchu

Amorti par les perce-neige

Au creux de l’hiver

dimanche 6 février 2011

Rouge sur fond gris




Sur la pierre grise qui tissait les fils du temps
La lave incandescente avait traversé les strates
Consumant le vase qui lui servait de réceptacle.
Dans quelques jours
Dans quelques heures
Elle aurait fini de déverser sa peine.
Il ne resterait que des scories
Grises comme la pierre
Qui lui servait d’assise.

mercredi 2 février 2011

Sous le diable



Un jour il avait disparu
Je me demandais encore s’il avait existé.

Dans le garage, sous le diable, une paire de chaussures témoignait
D’un semblant de matérialité.

Sinon, rien
Des mots couverts d’impatience
Des gribouillis incompréhensibles
Des feintes idiotes

Mais de souvenirs visuels nada
Même pas les traits du visage
Une relation à contre-jour
Obscure.