lundi 14 juillet 2014

Halte



L’homme au pied du pont de bois regardait son ombre s’étioler dans la chaleur dégressive de juillet.
Franchirait-il cette fois encore le pas qui menait à l’illusoire lumière ?
Il frappa ses cuisses grasses d’un revers de main moite et s’affala sur les épis de blés trop murs.
Au carrefour du chemin, il imagina un visage tendre aux yeux de pervenche.
Non pas question de s’émouvoir. Il ne pouvait pardonner à ces yeux de l’avoir trahi cette fois encore.
Les parfums de la terre sèche le ramenaient vers cette sirène ingrate.
Il cracha.
Déjà un chien-loup familier captait son odeur portée par les vents chauds.
Il fallait fuir avant que le pont ne l’engouffre à jamais, que l’ire nostalgique ne l’enchaîne à nouveau.
Il tourna le dos pour que l’ombre s’efface et rejoignit la route en sens inverse.
Sur l’asphalte, ses semelles épaisses lâchèrent du lest tandis qu’il s’éloignait …


4 commentaires:

  1. J'ai envie d'en savoir plus de suivre ton héros sur sa route, ce texte énigmatique m'a mis l'eau à la bouche!

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  2. Il faut parfois renoncer à certaines lumières éclatantes mais artificielles. Peut-être trouvera t-il une petite flamme, une petite lueur, qui le rendra heureux ailleurs....

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  3. @ Anne-Marie
    Oh, ce n'est qu'une petite parenthèse de vie, juste comme je les aime, désolée :-)

    @ Almanito
    Renonçant à son projet, il finira par trouver autre chose ...

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