mardi 22 octobre 2013

Voyage en Euphorie



C’était un voyage imprévu, rencontre imprévue avec un personnage imprévu dans un lieu imprévu où je m’étais perdue et laissée aller à quelques « confidences » oh, je vous rassure rien de vraiment sérieux, le jeu des mots avec les mots, des échanges de balles de plus en plus nombreux, de plus en plus vifs, de plus en plus percutants.
Cela avait créé autour de moi une sorte d’addiction partagée semble-t-il.

Sans nous en rendre compte, nous avions élaboré un voyage en Euphorie qui devait durer plusieurs semaines (je n’en savais rien mais j’imagine qu’au-delà de ce délai, les risques de sombrer dans une folie douce sont réels).
Par petites étapes, parfois insignifiantes, parfois plus engagées. Les émanations du pays d’Euphorie agissent sur le système nerveux provoquant parfois de fines lésions qui se dispersent en blagues foireuses ou idées mirobolantes. Mais le jeu en valait la chandelle, ne dit-on pas qu’il faut entretenir régulièrement ses nerfs zygomatiques et ici, la période de rodage (vite) terminée, ils carburaient à plein rendement pour un plaisir apparemment partagé.

Le tout ponctué d’échange de points de vue et agrémenté de musiquettes de notre choix. Une découverte en somme ou plutôt une somme de petites découvertes qui aurait pu former un tout harmonieux. Mais trop nuit à tout, il faut continuer de se faufiler adroitement autour des habitudes de la vie quotidienne, des engagements respectifs, des nuits écourtées et garder un minimum de bon sens.

Le tout harmonieux se vit paré de petites brèches, quelques coups délicats de marteau, puis beaucoup moins délicats, de massue. J’avais senti l’orage et n’avais pas cherché à vraiment m’abriter. J’imaginai une pluie d’été chaude et réconfortante mais je n’étais pas maîtresse du temps. Il y eut des éclairs, des grêles, des averses torrentielles mais le mât tenait toujours au milieu du rivage d’Euphorie, branlant certes, mais prêt à s’accrocher au-delà de la prudence élémentaire. Puis ce fut le brouillard à couper au crachin qui empêchait même les paroles vraies de sortir, elles commençaient à louvoyer dangereusement, se faisaient sournoises, agressives à tel point que le rivage d’Euphorie ne fut bientôt plus qu’un lointain souvenir, les paroles douces, les confidences, les rires aussi.

J’ai bien laissé en cachette du personnage imprévu retourné à l’état de personnage invisible , un drapeau-souvenir qui doit encore flotter quelque part dans ces eaux devenues froides. Quand l’automne revient et que le vent ramène les embruns, j’ai l’impression de l’apercevoir. Alors je ferme les yeux et je tourne quelques pages d’un livre jamais écrit !

Ah, ma douce terre d’Euphorie, un mirage de plus …j’attends un hypothétique imprévu pour raviver ma palette grise !

10 commentaires:

  1. Il suffit d'un bon repas, un peu de bon vin qui réchauffe la gaité et nous voilà repartis, pour un temps, au bon pays d'Euphorie. Ne rien en attendre d'autre que ce temps béni où toutes nos misères vont faire la récréation, rire de nous mêmes et de toutes nos acrobaties ratées, de toutes nos gloires loupées, de nos terreurs dégonflées...
    Savoir que la séance n'a qu'un temps, qu'il faut repartir, aller au charbon mais en se promettant de recommencer :-)
    PS
    Cela ne correspond probablement pas à ton pays d'Euphorie :-) Moi, de temps en temps, je prends juste un bain.

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    1. J'adore ton commentaire plein de bonne humeur quand le bain d'Euphorie se disperse dans l'éther et vient trouver tes amis :-)
      Merci Fifi !

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  2. Et bien voilà que je vais mettre mon blog en pause pour quelques jours...je cherchais comment et me voilà projeter dans un pays que je connais bien et dont le nom seul me met en joie. Rire, rire, se mettre en jubilation, se parer d'un habit de joie et se glisser dans ce festival de mots où il fait bon vivre, boire, danser, festoyer.....laisser dans son bagage devenu inutile nos sombres pensées, la colère de madame Gudule, le ronchonnement de tonton Gégé, les râleries de cousine Berthe et la mauvaise foi de son chéri. Allez, chère saravati je me glisse dans ton mirage et le fait étinceler de plus belle pour qu'il se mire dans son voisin le pays de l'Utopie, chère à mon coeur. Bises à toi.

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  3. Pour l'Euphorie l’œuf au riz ..au menu ! déjà un début pour sourire .

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  4. Ce "voyage euphorique" me semble truffé de non-dits et de regrets doux-amer...

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    1. @ Malou
      Bienvenue dans le vrai pays d'Euphorie, celui qui ne se berce pas d'illusions et garde au chaud les plus beaux souvenirs. Bonne pause, Malou. Reviens vite si tu le souhaites. Je t'embrasse.

      @ Gérard
      Un oeuf est toujours le début de quelque chose et si en plus il rit ...

      @ Patrick
      Les non-dits ont peut-être été déjà trop dits, quant aux regrets, ils varient selon les vents, je pense. Merci Patrick !

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  5. Bonjour Saravati,
    En lisant trop vite j'avais vu "euphonie" ; ça convient parfaitement aussi ;-)

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    1. ça se pourrait bien, Claire et la musique serait encore plus douce :-).
      Revenez vite !

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  6. Bonjour, Terre d'Euphorie, j'aime beaucoup cette idée. Bravo et merci..

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    1. Merci, Dominique, un peu d'euphorie n'a jamais fait de mal à personne !

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