
Les caresses non prodiguées
J’en ai fait des sculptures
Qui modèlent le vent
Les regards à peine nés
Déjà évanouis
J’en ai fait des peintures
Aux couleurs délavées
Aux contours imprécis
Et doux
Les paroles ardentes
Recouvertes d’un coup
D’éteignoir
J’en ai fait des fantômes
Qui peuplent mes grands jours de vide
Et les sourires ?
Les sourires ?
Je les ai gardés
Malgré toi
Ô grand effaceur
Je les ai kidnappés
Du fond de tes ravines
Gravés aux sommets des montagnes
Ils me disent encore :
La joie partagée
Même un court instant
Ne disparaît
Jamais
Tout à fait
Son ombre continue de
Nimber les nuages gris
Et si malgré tes serments
Négatifs
Tu venais ici me rendre visite
Subreptice
Tu extirperais de ta mémoire
Cadenassée
Quelque caresse
Quelque regard
Quelque parole
Quelque sourire
Rescapés du déluge
Un coin de terre ferme
Où t’asseoir
Un instant.