lundi 4 août 2014

Monument ô mort !








Le coq chantera trois fois

Comme le train avant lui

N’a sifflé qu’une fois

Emportant les hommes kakis

Vers leur destin sanguinaire



Pour beaucoup le retour ne fut pas.

Pour la gloire 
On a aligné leurs noms en belles gravures 
Sur la pierre unifiée 
Croix épées et lauriers 
Ultimes compagnons de voyage …


 



mardi 29 juillet 2014

Sur un pignon perché




Non, ce n’était pas Hamelin

Bien que le climat du nord et des accents germaniques

Présentaient quelques similitudes




C’était juste une rue longeant le canal pollué

Où se baignaient parfois des résidus de pneus

Venise du Nord détrônée




C’est là-haut sur le pignon à redents qu’il se tenait perché

Sa musique attire-elle encore les enfants

Eux qui perdent leurs regard sur leur portable ou leurs jeux électroniques

Munis de leur oreillette dernier cri

Où chahutent leurs goûts plutôt hétéroclites




Les enfants penchés ont-ils encore cette faculté de lever les yeux

Quand la lumière à son paroxysme

Révèle tant de beauté ?

Si ce n’est en plongeant dans l’œil d’un télescope géant ?



Les rats, ces ennemis du monde

À l’intelligence presque humaine

Ont-ils disparu

Victimes de génocide chimique ?


mercredi 23 juillet 2014

(In) accessible ...


Pour toi, si seulement tu étais accessible, je ferais preuve d’une créativité exacerbée.

Je balaierais les montagnes, escaladerais les lacs, délierais les fleuves, imprimerais les terres.
Je sauterais sur la vie, écarterais ses ailes figées, briserais les silences.

Mais je n’ai jamais su qui j’étais vraiment ou simplement si j’étais, j’étais comme la feuille qui meurt et renaît à chaque saison, légère et craquelée.

Si seulement tu étais accessible, je pourrais peut-être enfin arriver à prononcer ton nom, à soutenir ton regard sans baisser les yeux, à respirer tranquillement sans que mon cœur s’affole.

Je serais alors ma propre paix intérieure au cœur de ta sérénité… si seulement tu étais accessible ou si seulement, j’étais !

Il suffirait peut-être d’un souffle de toi, pour que d’un bond, je disparaisse, moi, le pendant inaccessible de ta réalité !
 


texte déjà publié ici

Un lien proposé par claire 



jeudi 17 juillet 2014

LUNA






Elle inspire
Au tomber

Des myriades de rêves



Traverse les remparts des arbres

Pour mieux les déciller



Elle chuchote

Les mots inaudibles



Voleront-ils jusqu’à toi ?


  Un dessin de ma fille directement sur clavier

lundi 14 juillet 2014

Halte



L’homme au pied du pont de bois regardait son ombre s’étioler dans la chaleur dégressive de juillet.
Franchirait-il cette fois encore le pas qui menait à l’illusoire lumière ?
Il frappa ses cuisses grasses d’un revers de main moite et s’affala sur les épis de blés trop murs.
Au carrefour du chemin, il imagina un visage tendre aux yeux de pervenche.
Non pas question de s’émouvoir. Il ne pouvait pardonner à ces yeux de l’avoir trahi cette fois encore.
Les parfums de la terre sèche le ramenaient vers cette sirène ingrate.
Il cracha.
Déjà un chien-loup familier captait son odeur portée par les vents chauds.
Il fallait fuir avant que le pont ne l’engouffre à jamais, que l’ire nostalgique ne l’enchaîne à nouveau.
Il tourna le dos pour que l’ombre s’efface et rejoignit la route en sens inverse.
Sur l’asphalte, ses semelles épaisses lâchèrent du lest tandis qu’il s’éloignait …


lundi 7 juillet 2014

Sous le bleu ...




Sous le ciel chamarré de bleus

Et par le miracle des couleurs qui pigmentent

Au gré des cavalcades

Les chevaux s’étaient parés de blanc et noir

Ombres démesurées sur le vert des alpages

Comme les photos du début du siècle


La maison gardait son allure austère

Insensible au vent qui use

Et détoure les esprits

mercredi 2 juillet 2014

Sourire de pierre



mais loin de laisser indifférent ...

Elles parlent mais leur mystère reste entier ...

Une autre vidéo qui chante les pierres sans vraiment les déranger :


jeudi 26 juin 2014

Petite Amande ...






Je l’ai surprise dans un moment d’une captive attention, elle l’a gardée,  elle ne m’a même pas remarquée, elle me connaissait à peine, elle ne voulait pas être dérangée et moi, je ne voulais pas la déranger dans un de ces moments de patience infinie qu’ont les enfants quand ils se retrouvent seuls avec le monde qu’ils se construisent dans l’instant…
Je ne lui a pas montré la photo : à l’époque, ce n’était pas possible, il fallait attendre le long processus du bain et des traitements chimiques.
Depuis elle a grandi et j’ai renié mon bel argentique.

Il lui est arrivé un jour de me suivre lors d’une visite chez sa grand-mère, dans ces lieux collectifs que l’on appelle homes et qui ont tellement de mal à ressembler à de vraies maisons.



Il y avait là un beau jardin et des arbres à foison, une espèce de chapelle qu’elle a escaladée armée de sa corde à danser bien peu pratique dans cet endroit. Cette fois, ça l’amusait de me suivre et de me précéder, ravie de pouvoir être prise en photo à n’importe quel moment… Peu lui importait de voir les photos, seul lui importait cette promenade unique que nous faisions ensemble loin des tristes regards de la vieillesse…Aujourd’hui, grand-mère est morte et nous ne voyons plus, chacun a repris le cours de sa vie, ce fut un moment convergent à l’époque d’une aïeule commune … je garde en mémoire le sourire de la fillette et quelques photos qui me parlent encore d’elle … son beau prénom évoque à la fois les entremets sucrés et sa capacité d’être aimée …






vendredi 6 juin 2014

Au ras des fougères




Dans ton œil, celui qui n’était pas aveugle, apparaissait le monde et ses vastes continents.


Tu ne parlais rien d’autre que le langage des yeux.


Sur le front seul un tatouage ésotérique attestait de ta provenance lointaine…


A l’ombre de ton ombre


Ultime nourriture


une fougère si basse


Que même le vent ne pouvait pas l’atteindre...