lundi 13 juillet 2015

En quête de cerises






Je me suis plainte à qui de droit, ce jardin est censé m’appartenir et ne pas accueillir d’hôtes indésirables, mais ces hôtes faisaient tant de bruit que qui de droit ne m’a pas entendu ou était parti voir ailleurs s’il y était. Il cherchait sans doute un peu de tranquillité, lui qui fut l’objet de tant de vindictes dues au mauvais temps persistant, il soufflait mais ne remuait que de l’air chaud ambiant, alors j’ai dû me tourner vers moi-même et assumer mes respectabilités, faire un topo de la situation pas encore tout à fait désespérée et m’y atteler coûte que coûte si je voulais garder un rôle actif dans ma vie.

Les grappes tombent en longues gouttes sang.
Je cherche l’ombre là où les oiseaux s’ébrouent dans la lumière  entre deux espaces de vert
Ils picorent avidement les fruits les plus murs, ne laissant que la tronche presque décharnée
Avides de sucre, avides de pépiements, avides de s’envoler au premier son de cloche puis de revenir aussitôt en trombe.et moi avide de calme et de cerises entières et bien rouges !
Le combat est inégal, je ne suis qu’une terrienne, les pieds collés à la terme ferme maintenant parsemée de multiples noyaux desséchés ou en passe de le devenir, je me débats comme une furie, sonne la cloche, souffle à fond dans un sifflet de plastique retrouvé dans un tiroir, prends une longue perche pour secouer les branchages, tape avec un bout de bois la mesure sur une bassine en fer blanc égarée dans le jardin, pousse des cris de sioux (heureusement je n’ai pas de voisins et les autres sont sourds, je l’espère )
J’ai honte de me battre contre des moulins ailés si habiles si vifs que je m’essouffle à gond perdu.
J’ai malgré tout réussi à sauver quelques billes rouge presque foncé et je compte bien m’en régaler à avoir mal au bide … eux, ils sont déjà servis mais pas repus, à moins qu’ils n’aient déjà sonné le ralliement des hordes champêtres …
Le combat est presque fini …jusqu’à l’année prochaine, les guerres sont ainsi faites qu’elles recommencent à chaque fois même si les belligérants ont entretemps changé... 



7 commentaires:

  1. Pauvre "terrienne" qui n'a pas d'aile pour cueillir les cerises au niveau de la cime et qui est obligée de se battre pour une petite récolte ;-) J'aime ton texte et le rythme vigoureux de Noir Désir pour illustrer ta guerre !

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    1. J'ai bien essayé de parlementer avec eux, mais ils continuent à préférer les bas étages ...

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  2. Noir Désir pour une bataille perdue d'avance, quel panache!

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  3. Et moi qui comptais sur quelques pots de confiture... J'adooore confiture de cerise noire
    Dans " Ma drôle de vie " j'arrive années 48/50 ... Goussainvile... période galère, because cerisiers, pruniers, haricot vert, petit pois etc... et ceuille, épluche, mise en bocal mais quel plaisir de léchouiller la bassine à confiture!!

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  4. Excellent et très drôle, j'ai adoré te lire. Dis-toi que l'ennemi travaille dans ton sens, en laissant tomber les noyaux, tu as une chance qu'un second cerisier pousse...patience;)

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  5. Je me suis bien amusée avec ton texte je dois dire... Chez nous aussi, nous avions 3 cerisiers, et les merles arrivaient toujours avant nous, se goinfrant sans vergogne.

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