Voilà ce
qui restait d’eux, d’une relation à l’époque brûlante
La table
rase ne portait plus que des verres vides à l’écume mourante
Et tout
autour, la vie continuait, les gens continuaient de vivre, de rire, de boire
Les jours
continuaient de naître et de mourir sans vraiment délimiter leurs frontières
Et même si
la fête sentait une fin imminente, les gens continuaient de s’agglutiner dans
la nuit autour des tables, de manger un morceau, de lever les coudes de se
parler ou de se taire, baignés par la musique qui avait vaincu la pluie
annoncée
Les verres
étaient là lestés de leurs ombres, dressés sur la table nue, séparés par des
années-silence, mais toujours debout, abandonnés à leur triste sort comme ceux
qui avaient posé leurs lèvres sur leur bord, bu leur nectar jusqu’à la lie,
attendu que la mousse vivifiante vienne couronner leur bouche d’une légère
neige. Ils n’avaient même pas ri à peine parlé, ils n’avaient pas dit l’adieu de
circonstance.
Demain ils
seraient débarrassés de leur histoire, demain ils prononceront les mêmes mots,
de mêmes promesses berceront leurs illusions, demain leurs interlocuteurs
seront simplement différents. Demain ils seront libres de leurs souvenirs, du
moins, ils le croiront ...
Parfois
l’écho viendra titiller leur mémoire soudain anesthésiée, ils ne pourront pas
dénier leur tendresse passée, ils le feront pourtant, l’oubli sera le prix de
leur nouveau bonheur reconstitué ...
J'aime bien votre nuance "Demain ils seront libres de leurs souvenirs, du moins, ils le croiront" parce que je ne veux pas croire qu'une "relation brûlante" ne laisse aucune trace. Il me semble, au contraire, qu'elle offre forcément un enrichissement, une transmission...
RépondreSupprimerSe laisser porter par la vague, par l'écume laissée sur le bord des verres, et raconter une histoire. J'aime bien. Et j'aime bien les pavés, derrière.
RépondreSupprimerPrononcer les mêmes mots ? les mêmes promesses ? à des interlocuteurs différents ? c'est bien ça qui, même si cela se produit, est tellement insupportable... les souvenirs n'effacent pas les précédents, ils s'entassent, débordent, se mêlent et laissent un goût amer.
RépondreSupprimerTristesse des émotions qui ne durent pas ! "On n'oublie rien, on s'habitue c'est tout" chante encore Brel.
RépondreSupprimer@ Claire
SupprimerIl ne s'agit pas ni d'embellir le passé ni de le falsifier, mais de garder les "proportions" justes avec le recul du temps ...
@ Phil
Les verres parlent parfois d'eux mêmes quand ils ont été abandonnés faute de prolongation, merci pour les pavés, à une époque, ils racontaient eux aussi une histoire :-)
@ Patrick
Une fois l'histoire terminée, être suffisamment lucide pour trier les souvenirs en les lissant pour qu'ils deviennent juste un élément parmi d'autres. Sans doute que l'amertume sera parfois au rendez-vous, mais qu'y faire ?
@ Fifi
Bien trouvée, la phrase de Jacques Brel, merci !
L'anesthésie est certainement nécessaire et la fête est aussi temps de rassemblement, d'amitié et d'oubli des soucis, mais il ne faut pas qu'elle dure toute l'année. Nos anesthésistes de tous poils nous vendent trop de poudre de perlin pinpin pour nous endormir, à leur seul profit !
RépondreSupprimerMais je te souhaite de très belles et bonnes fêtes de fin d'année et je t'embrasse bien amicalement.
Roger
Il ne faut pas que les fêtes perdent leur sens premier, celui de la fête, de la gratuité, de l'authenticité, la fête est sans doute le moment où l'on se sent en connivence parfaite avec le monde ...
SupprimerBelles fêtes, à toi, Roger et encore tant de promenades à travers une nature que tu respectes et glorifies tellement !