jeudi 28 novembre 2013

Prison








Ma prison
Barbelés des espoirs
Ouverture sur néant
Quelques touches grises
Sur tes bras décharnés
les vrilles de tes mots
Qui tressaillent
sur mon cœur …
des piliers altérés
qui ne mènent
Qu’en toi
Un ciel bas
Tout empreint de silence …

mardi 19 novembre 2013

Aux bancs des parcs publics


Sol granuleux
Herbe un peu sèche
Soleil complice
Goût d’évasion
Hors des petites maisons sombres
des appartements trop lumineux
vitamines D en rations géantes
Pour mieux supporter les futurs caprices des temps
Exposer ses bras au soleil de juin
Flâner de ci delà
s’arrêter pour voir
Ou s’enfermer dans un monde de studiosité

L’été tous les goûts sont dans la nature
À l’extérieur des lieux confinés
Le silence apprivoise les cœurs tourmentés
Cela doit suffire au bien être

Elle s’est assise
A chaussé ses lunettes antireflets
La liseuse phase plein-air
Ne voit pas les papillons qui volent
Ni les regards des hommes qui s’attardent sur elle

Il s’est arrêté de flâner dans le parc
À la recherche d’une rencontre improbable
Il a posé les yeux
Sur les silhouettes écrasées par la lumière
Il l’a vue sur un blanc
Elle n’a pas daigné un regard …

Peut-être habitent-ils le même quartier
Parlent-ils le même sabir
Ont-ils dans leur cœur une même cicatrice de tristesse
Ou dans leurs yeux le même espoir d’un demain

Peut-être que je suis seule à imaginer
Qu’ils vivent dans un même monde
Peut-être vont-ils retourner sans se voir
Dans leurs univers réciproques

Peut-être n’ont-ils rien d’autre de commun
En ce moment
Que ce même désir de chaleur
Peut-être que la tendresse
Est juste un accident de parcours
Sur les voies si parallèles des relations humaines.


jeudi 14 novembre 2013

Mon arpent


Enfant, j’en ignorai presque l’existence, si près de là où je vécus.
J’ai toujours aimé, pourtant cet endroit coupé du monde au cœur du monde.

J’y comptais les passages d’oiseaux de plumes et d’oiseaux d’acier. J’y pansais mes blessures réelles ou imaginaires, mes déceptions passées ou futures, mes regrets valides ou invalides.

D’un souffle, je les projetais au-delà des cimes, loin au-dessus des champs à perte de vue, loin, par-delà la frontière, là où un jour j’aurais pu te rencontrer.

Je fermais les yeux et retrouvai aussitôt un regard apaisé, immobile, presque absent. De ces retraites en solitaire, j’ai appris à découper les détails de l’ensemble, à détacher les nuances tendres des jeunes feuilles parmi les roseaux desséchés au fil de l’écoulement des saisons. Après avoir aspiré pendant tant d’années à la fusion brûlante, je cultivais sagement un certain détachement, pas toujours sincère, mais plutôt bienveillant. Contre mauvaise fortune bon cœur, disait l’adage de la résignation ! La sagesse des ans a dévidé la toile dense pour la reconstruire plus lâche, plus souple, plus aérienne.

Et puis un jour un rêve fou – ne le sont-ils pas tous, à l’heure où jour et nuit se diluent- s’est empêtré dans le filet, déstructurant ma belle architecture pseudo-solide.
Un rêve fort, autoritaire, envahissant – mais ne le sont-ils pas tous quand la vie vous paraît si vulnérable – un rêve cimenté de mots tendres venus d’ailleurs dans un immense train qui s’est penché à ma fenêtre.

J’ai matérialisé dans les méandres de ma pensée ce rêve dans cet endroit coupé du monde, et cet endroit est devenu convergence. Les couleurs moins grises, plus vives, le soleil moins blafard ou plus scintillant, les nuages moins lourds, plus vaporeux.
J’aurais pu rester suspendue à me perdre inlassablement au-delà des champ striés ou des mers de verdure. Attendre le signe de la connivence : un vol d’oiseaux à l’équilibre parfaitement dessiné, la course d’un gibier aux abois, le trot presque impatient d’un cheval contrarié, le tracé timide d’un arc-en-ciel ou la douce brise d’un après-midi de printemps.
Et de mon cœur qui depuis longtemps, avait perdu l’attrait de la passion, un tendre filament irradiait peu à peu, insolite et troublant.

Dans cet endroit coupé du monde, au cœur d’un monde dont je perçois l’existence, là ou seule mon ombre reflète l’empreinte du soleil sur la terre, je ne me sens pas solitaire bien que tout porte à croire dans les apparences que je le sois.
Je ne t’appelle pas. Je sens que tu es là, je sens sur ma nuque comme un souffle léger de tendresse et sur mes cheveux, une douce caresse qui part et qui revient…

Texte préalablement publié ici http://saravati.skynetblogs.be/archive/2009/05/24/mon-arpent.html#comments 

vendredi 8 novembre 2013

En broussailles...



Tes cheveux s’embroussaillent

Dans le vert des iris

Si tu le veux

Ta terre sera mienne

Dans le creux de nos pas

Allonge encore le cou

Pour voir à l’horizon

Avant l’hiver polaire

Qui se mire aux grisons.



lundi 4 novembre 2013

Un cœur en différend



Depuis que j’ai perdu mon cœur dans les couloirs de l’oubli universel
Des cœurs tout neufs multicolores ou sobres viennent me narguer aux dix-huit coins des rues
Et même s’ils me rappellent des émois endoloris, je ne peux m’empêcher de les voir
En feignant de ne point m’y attarder
Ils sont tantôt bleus comme les jeunes blés les nuits de pleine lune
Tantôt verts comme les longues trainées d’étang
Tantôt rouges comme les pluies sanguinolentes d’après les catastrophes
Tantôt gris comme les champs de brume.
Alors je me dis
Que le mien n’est peut-être pas dis
Paru
Qu’il a juste pénétré les fissures du temps
Pour s’engouffrer dans un ailleurs reconstitué
Que même s’il n’a plus de parois pour l’écho
Il reste émoustillé de rires
Qu’il n’a pas perdu
Ses ressorts
Qu’il va renaître
Aux prochains bourgeons
Retrouver ses marques
En tracer de nouvelles
Faufiler ses surjets de traverse
Je le sais différent
Il rêve en noir et blanc …