mercredi 29 juillet 2015

Perturbé






Je suis perturbé

Lui avait-il dit

Après cette rencontre-éclair

À l’orage doux et rieur



Lui qu'elle croyait persifleur

S’était montré

réservé

Touché

Sans aucune prétention



Et c’est comme ça

Qu'elle aimait son image

Ce jour-là

Et les suivants

Dans l’ombre d’une rencontre

Inattendue



Elle n'osait rien dire

Elle était trop bien

Elle se découvrait

Différente

Troublée

Et elle aimait ce sentiment

Partagé



Elle se disait

Qu’il ne servait à rien

De brûler les étapes

Que celle-ci était

Peut-être

L’ultime

À la fois première

Et dernière



Elle aimait cette timidité

Qu’il cachait

Sous l’arrogance affichée



Elle n’a pas eu le temps

De lui dire

Le fond de sa pensée

N'a pas trouvé les mots justes

Pas assez vite



Il avait déjà disparu

En lui lançant

Quelque parole acérée

Venue on ne sait d’où

qui ne lui correspondait pas

Ou si peu...


Une chanson qu'il aurait aimée :


lundi 13 juillet 2015

En quête de cerises






Je me suis plainte à qui de droit, ce jardin est censé m’appartenir et ne pas accueillir d’hôtes indésirables, mais ces hôtes faisaient tant de bruit que qui de droit ne m’a pas entendu ou était parti voir ailleurs s’il y était. Il cherchait sans doute un peu de tranquillité, lui qui fut l’objet de tant de vindictes dues au mauvais temps persistant, il soufflait mais ne remuait que de l’air chaud ambiant, alors j’ai dû me tourner vers moi-même et assumer mes respectabilités, faire un topo de la situation pas encore tout à fait désespérée et m’y atteler coûte que coûte si je voulais garder un rôle actif dans ma vie.

Les grappes tombent en longues gouttes sang.
Je cherche l’ombre là où les oiseaux s’ébrouent dans la lumière  entre deux espaces de vert
Ils picorent avidement les fruits les plus murs, ne laissant que la tronche presque décharnée
Avides de sucre, avides de pépiements, avides de s’envoler au premier son de cloche puis de revenir aussitôt en trombe.et moi avide de calme et de cerises entières et bien rouges !
Le combat est inégal, je ne suis qu’une terrienne, les pieds collés à la terme ferme maintenant parsemée de multiples noyaux desséchés ou en passe de le devenir, je me débats comme une furie, sonne la cloche, souffle à fond dans un sifflet de plastique retrouvé dans un tiroir, prends une longue perche pour secouer les branchages, tape avec un bout de bois la mesure sur une bassine en fer blanc égarée dans le jardin, pousse des cris de sioux (heureusement je n’ai pas de voisins et les autres sont sourds, je l’espère )
J’ai honte de me battre contre des moulins ailés si habiles si vifs que je m’essouffle à gond perdu.
J’ai malgré tout réussi à sauver quelques billes rouge presque foncé et je compte bien m’en régaler à avoir mal au bide … eux, ils sont déjà servis mais pas repus, à moins qu’ils n’aient déjà sonné le ralliement des hordes champêtres …
Le combat est presque fini …jusqu’à l’année prochaine, les guerres sont ainsi faites qu’elles recommencent à chaque fois même si les belligérants ont entretemps changé... 



lundi 6 juillet 2015

Une histoire de lottes ...



 
Les puristes diront que ce ne sont pas des lottes, mais c'est tout ce que j'avais sous la main :-)

Elle m’a proposé des joues de lotte et moi qui ignorais tout des lottes, je me suis imaginé leurs belles ba-joues rondes et dodues et les petits rots qu’elles faisaient autour avec leur bouche en cœur.
Elle m’a donné une recette onctueuse que j’ai adaptée en fonction des moyens de mon con-gélateur parce que je n’avais pas en-vie de courir au bout de la ville pour confectionner le plat pare-fait.
Elle est comme cela Alina, généreuse et plein d’empathie (sauf pour les poissons qu’elle mal-traite avec douceur)
Ces quelques instants que nous passons ensemble, elle dans son camion refri-géré, moi sur le trottoir décrotté sont un moment rare et réciproquement partagé. Nous parlons vacances et société, coût de la vie, de maux nouveaux découverts avec l’âge et projets de mieux être dans un monde qui vau-l’eau malgré tous nos efforts pour le re-con-struire selon nos é-normes optimistes…
Pendant que je regarde l’étal et qu’elle me définit l’étalage aussitôt dit aussitôt oublié, je n’ai pas la mémoire des poissons (même si on dit que les rouges n’ont pas de mémoire mais ils n’ont pas de parole non plus, alors qui croire ?) Pour moi ces chairs languissantes aux couleurs à orientation généralement pâlottes se ressemblent toutes même si le ressenti dans la bouche est sans doute différent. Elle a envers moi un devoir de maitresse du savoir et même si je suis une élève pas appliquée réitère les noms d’oiseaux que sont pour moi les sortes de poissons…elle est fille de mer adaptée à l’ouverture des langages, elle respire l’iode du bien vivre.