jeudi 24 janvier 2013

Délire d’écrire




J’étais ici dans cet environnement familier à peine sorti des brumes de mars.

Il faisait beau, presque chaud comme si le poêle de bois que je venais d’installer ce matin débordait dans le jardin, emplissait l’espace de senteurs printanières à l’arrière-goût de pin fumé.

Les chats me regardaient d’un air fâché ou hautain …mais n’ont-ils pas toujours ce regard, ces animaux qui ne daignent jamais sourire même dans l’expression d’une rare affection éprouvée ?

J’ai pénétré dans ma petite forêt (sur Google map, elle apparaît vraiment telle) accompagnée de bruits d’oiseaux divers.

Je pensais à toi, à ta frénésie d’écrire n’importe où. Je m’étais installée à la vieille table en bois, un squelette de bois, envahi par les mousses, les champignons, les insectes à peine réveillés de leur sommeil hivernal pas encore visibles à l’œil nu. Seuls les pieds de la table semblent encore tenir noyés dans l’herbe haute, ils ne montrent pas leurs blessures sanguinolentes, leurs lambris de bois …

Une table pour plus de confort que des genoux instables, un livre bilingue français-anglais (je vous jure que je lis la version anglaise d’abord) et des feuilles A4 pliées en deux, un stylo noir qui venait de rendre l’âme, un bleu qui l’avait avantageusement remplacé.

Des cris d’enfant, retour de classe. L’heure du défoulement après l’attention studieuse ou la dissipation prélude des longues stations scolaires.


Je pensais à toi qui écrivais n’importe où, je me demandai si un jour j’aurais pu te découvrir dans ton n’importe où ou seulement l’imaginer. Je me disais que cette » fièvre était parfois mienne. Comme maintenant alors qu’un insecte minuscule venait longer la page blanche en prenant soin de ne pas s’y aventurer complètement de peur de représailles (les insectes ont cette conscience innée du danger, parfois). Un avion invisible arpentait le ciel, une toux d’homme venant impatiente, accompagner les chats d’oiseaux et les meuglements des vaches qui croyaient déjà à cette heure que leurs pis devaient être délivrés.


Dans quelques jours viendrait ce stupide changement d’horaire auquel chaque fois je ne comprends rien, avancer ou reculer, il faut choisir, obéir et que tout le monde abhorre mais que tout le monde suit.

Sauf dans ce petit village (dont j'ai oublié le nom, à moins qu'il n'existe que dans les brouillards de mon imagination)  où ils ont voulu maintenir le véritable rythme du temps et vivent en autarcie par rapport à l’heure dénaturée imposée à tous

Oui, on se préparait aux futures insomnies des soirées claires, aux petits levers sombres comme au début de l’hiver et les vaches le sentaient déjà.


Et moi, ici, j’écrivais n’importe quoi. Ma fièvre d’écrire n’était pas créatrice comme la tienne, mes centres d’intérêt étaient terre à terre, presque visuels …

A travers la haie d’aubépines encore clairsemée, le soleil bas se baignait dans une flaque apparue ces derniers jours dans la prairie voisine presque transformée en esquisse d’étang. Les enfants s’il y en avait eu, auraient aimé patauger dans les flaques dorées puis regarder l’eau s’apaiser pour admirer les reflets naissants. Mais il n’y avait pas d’enfants, seulement des vaches en concert discontinu et des bruissements d’ailes atténués dans les feuillages.


La fièvre d’écrire n’est pas une fièvre ordinaire si elle n’a pas pour origine une maladie bien précise.

Ta maladie est une fièvre d’être, de devenir, elle est en mouvance permanente. Elle trouve ses sources dans tes sentiers détournés.

Est-ce que je voulais t’imiter, est-ce que c’était la manifestation d’un ennui, moi qui prétends ne jamais ennuyer. Ou un manque. Un manque de toi.


En attendant de lire tes délires psychédéliques, me construire une retraite folle, sans raison. Juste laisser les mots suivre la pensée ou la précéder ou s’y superposer ou un réflexe d’écriture automatique.

Je ne sais si je te dirai ma folie, mon manque, ou tout autre chose.

Mais ces vagues de mots qui vont et viennent dessinent un univers qui existe autrement que je le perçois.

Je voudrais partager un moment avec toi, mais je ne le puis, nos ondes sont des choses fragiles et éphémères. Y penser est leur donner une importance qu’elles ne sont peut-être capables d’assumer.

Le soleil s’est élargi, ses contours de plus en plus pour mes yeux qui doivent se réhabituer à la lumière après des travaux de remise à jour dans des lieux mal éclairés.

Au plus il s’élargit, au plus il perd de la chaleur qu’il diffusait cet après-midi.

Ou peut-être qu’il ronge mon inspiration vacillante troublée par le moindre aboiement de roquet.

Qui a dit que la campagne est un lieu de tout repos !



lundi 21 janvier 2013

Le mistral d'Astrid





Cette voix, je la cherchais depuis si longtemps, je ne me souvenais que d’une chanson et un prénom ...Astrid.

Une voix de cristal qui m’avait émue jusqu’à l’âme …lors d’un concours de chant à l’époque où il m’arrivait de regarder la télé.


Je ne sais ce qu’est devenue cette jeune fille, si sa voix a toujours cette faculté d’émouvoir.


Il est vrai que la chanson de Renaud est un merveilleux hymne à l’enfance qui passe…



mardi 15 janvier 2013

Accueil



















 

Viens
Ma maison est un peu déglinguée
Mon visage fissuré de ridules disgracieuses
Mes gestes moins alertes
Mes cheveux clairsemés

Viens
Je compte sur ta bienveillance
Pour ne pas amplifier les défauts
Ne pas t’attarder sur les mots en fouillis
Compatir aux sentimentaleries niaises

Viens
Je t’accueillerai de pied ferme
Malgré les aléas du terrain
Je te donnerai ma confiance
Mon bien le plus précieux

Viens
Dans l’attente
Le café a tiédi
Mais la jarre reste fraîche

Viens
Dans l’obscurité mienne devenue
Je chercherai ta main
Aux lignes nettes
Dans la mienne
anguleuse

Tu fermeras les yeux
Et ton imagination fera le reste
Transformant ma bicoque
En palais légendaire …
Viens
Vite
Avant qu’il ne soit
Tard …

Le choix musical de Francis :
http://www.youtube.com/watch?v=XA-wYNi1dsI&feature=youtu.be