En
attendant la fin de l’école, il était resté avec moi tout l’après-midi
Il s’était
plaint de douleurs au ventre et j’avais hésité de l’envoyer au cours.
Il avait
passé la journée à jouer avec sa petite auto orange, le seul jouet que je
pouvais lui payer.
Comme le
conseillait le médecin, je lui avais donné du coca et cela semblait l’avoir
remis sur pied.
Il avait
couru sous les galeries et j’avais enfin pu trouver du temps pour moi
C’est vrai
que j’avais vendu très vite les quelques pommes cueillies au verger, ce qui me
permettrait d’acheter quelques œufs pour le repas du soir. Les enfants plus que
les adultes ont besoin de leur dose quotidienne de protéines pour grandir
Dans ma
solitude obligée, je m’étais procuré un journal chez le marchand d’Inkacola et
autres boissons sucrées.
On usait
régulièrement du troc entre nous et cela nous convenait assez.
Je me suis
assise sous les arcades après avoir donné à manger à mon fils cadet.
Et j’ai lu
comme je ne l’avais plus fait depuis longtemps, le journal parlait de la
Bolivie, le pays où vivait le père de mes enfants, là où il essayait de faire
fortune dans une mine d’argent.
Cela
faisait des années qu’on ne s’était plus vus, je lui envoyais des photos des
enfants pour lui montrer combien ils avaient grandi, il ne m’écrivait pas, il
devait faire appel à quelque écrivain public, alors, les lettres se faisaient
attendre.
En lisant
dans le journal que son pays était en pourparler pour récupérer son accès à la
mer volé par une méchante guerre avec le Chili, je me disais qu’il y aurait
alors de nouvelles possibilités d’emploi moins aléatoires que la recherche de
métaux précieux.