Je me suis
plainte à qui de droit, ce jardin est censé m’appartenir et ne pas accueillir
d’hôtes indésirables, mais ces hôtes faisaient tant de bruit que qui de droit
ne m’a pas entendu ou était parti voir ailleurs s’il y était. Il cherchait sans
doute un peu de tranquillité, lui qui fut l’objet de tant de vindictes dues au
mauvais temps persistant, il soufflait mais ne remuait que de l’air chaud
ambiant, alors j’ai dû me tourner vers moi-même et assumer mes respectabilités,
faire un topo de la situation pas encore tout à fait désespérée et m’y atteler
coûte que coûte si je voulais garder un rôle actif dans ma vie.
Les grappes
tombent en longues gouttes sang.
Je cherche
l’ombre là où les oiseaux s’ébrouent dans la lumière entre deux espaces de vert
Ils picorent
avidement les fruits les plus murs, ne laissant que la tronche presque
décharnée
Avides de
sucre, avides de pépiements, avides de s’envoler au premier son de cloche puis
de revenir aussitôt en trombe.et moi avide de calme et de cerises entières et
bien rouges !
Le combat
est inégal, je ne suis qu’une terrienne, les pieds collés à la terme ferme
maintenant parsemée de multiples noyaux desséchés ou en passe de le devenir, je
me débats comme une furie, sonne la cloche, souffle à fond dans un sifflet de
plastique retrouvé dans un tiroir, prends une longue perche pour secouer les
branchages, tape avec un bout de bois la mesure sur une bassine en fer blanc
égarée dans le jardin, pousse des cris de sioux (heureusement je n’ai pas de
voisins et les autres sont sourds, je l’espère )
J’ai honte
de me battre contre des moulins ailés si habiles si vifs que je m’essouffle à gond
perdu.
J’ai malgré
tout réussi à sauver quelques billes rouge presque foncé et je compte bien
m’en régaler à avoir mal au bide … eux, ils sont déjà servis mais pas repus, à
moins qu’ils n’aient déjà sonné le ralliement des hordes champêtres …
Le combat
est presque fini …jusqu’à l’année prochaine, les guerres sont ainsi faites
qu’elles recommencent à chaque fois même si les belligérants ont entretemps
changé...
Pauvre "terrienne" qui n'a pas d'aile pour cueillir les cerises au niveau de la cime et qui est obligée de se battre pour une petite récolte ;-) J'aime ton texte et le rythme vigoureux de Noir Désir pour illustrer ta guerre !
RépondreSupprimerJ'ai bien essayé de parlementer avec eux, mais ils continuent à préférer les bas étages ...
SupprimerUn beau combat...
RépondreSupprimerNoir Désir pour une bataille perdue d'avance, quel panache!
RépondreSupprimerEt moi qui comptais sur quelques pots de confiture... J'adooore confiture de cerise noire
RépondreSupprimerDans " Ma drôle de vie " j'arrive années 48/50 ... Goussainvile... période galère, because cerisiers, pruniers, haricot vert, petit pois etc... et ceuille, épluche, mise en bocal mais quel plaisir de léchouiller la bassine à confiture!!
Excellent et très drôle, j'ai adoré te lire. Dis-toi que l'ennemi travaille dans ton sens, en laissant tomber les noyaux, tu as une chance qu'un second cerisier pousse...patience;)
RépondreSupprimerJe me suis bien amusée avec ton texte je dois dire... Chez nous aussi, nous avions 3 cerisiers, et les merles arrivaient toujours avant nous, se goinfrant sans vergogne.
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