samedi 1 octobre 2011

Tous des photographes




Nous sommes tous des photographes, chacun à notre façon, nous regardons le monde à travers nos objectifs avoués ou pas, avec nos réflexes ou nos compacts.
Nous impressionnons la pellicule des apparences, nous nous arrogeons le droit d’en quantifier l’exposition, niveller les niveaux selon nos humeurs, caresser les courbes sous l’abscisse à peine effarouchée.
Quand le sujet relève de l’objet inanimé ou presque, la tâche est facile, on peut l’ombrer, accentuer ses contours, lui jeter un cœur d’aquarelle, sans risquer de le dénaturer à l’alcool de nos envies.

Mais pour l’humain, il faut louvoyer avec finesse, déjouer ses plans sans qu’il s’en aperçoive, capturer son image en lui donnant l’impression de jeter un regard subreptice autour de lui et surtout ne pas insister sur ses défauts en les gommant. Une verrue capturée effacée est une insulte à son intégrité physique. Lui lisser la peau est une manière indélicate de lui rappeler qu’il a vieilli. Par contre le maquillage de ses yeux rouges lui fera agréablement oublier ses tendances vampiriques.

Nous transportons notre attirail léger et terrible dans nos programmes de réinsertion, notre palette multicolore peut pâlir ou foncer à volonté selon notre humeur du jour.
Nous sommes des chirurgiens de l’âme dressés à l’esthétique des sens.
Nous sommes des météorologistes capricieux qui changeons les lueurs du ciel.
Nous sommes des miroirs du temps que nous façonnons à notre guise.
Et quand il nous faut revenir sur terre et qu’un miroir impertinent et vrai nous renvoie notre propre image nue, nous fermons les yeux pour ne pas la voir, préférant l’œil noir et subjectif de notre objectif.

Nous sommes tous des photographes.

11 commentaires:

  1. @ LH
    ... à l'époque de l'argentique avant "ma trahison". J'ai pris une photo de cette photo prise à l'origine face au miroir. Donc, pas vraiment moi, mais mon reflet !

    RépondreSupprimer
  2. C'est nous qui regardons la photo, ou bien est-ce la photo qui nous regarde ?
    J'essaie de suivre ce que tu veux dire. Mise à part la photo souvenir, il me semble que dans la photo, même l'humain devient "objet".
    Un exemple : il y a une vieille dame assise devant sa porte. Ses vêtements sont usés, de couleurs sombre, ses mains déformées reposent sur une canne, elle tente un sourire, on ne voit pas ses dents. Tu la prends en photo. Question :
    1) tu as pris en photo une vieille dame.
    2) tu as pris en photo la vieillesse.

    RépondreSupprimer
  3. Nous sommes chirurgiens et retouchons maintenant toutes nos photos. Il n'y a donc plus d'instants volés. Je regrette l'imperfection du cliché. La perfection est lassante et tout est objet.
    J'aime les défauts, les miens y compris ! Capturer l'instant, une pépite ! et surtout ne pas le modifier au risque d'en faire une éternité de marbre.
    Amitiés

    RépondreSupprimer
  4. Nous sommes tous photographiés aussi. Nous le savons et nous l'ignorons, nous l'oublions aussi parfois, heureusement. L'image qu'on donne ou celle qu'on voit, est-ce nous? On disait dans l'ancien temps, que l'oeil est le miroir de l'âme...La photo est-elle le reflet de ce que nous sommes? Tout n'est qu'un leurre...

    RépondreSupprimer
  5. nous sommes aussi parfois des oiseaux qui ont peur de sortir avant le crépuscule des cieux,
    des bains révélateurs (mais nous tairons de quoi),
    des saltimbanques qui se moquent des faillites,
    des épaves dont l'étrave reste tournée vers le large,
    des objectifs ne se contentant pas de la lune...

    RépondreSupprimer
  6. Bon, je résume, quand on est photographe, c' est la faute aux graphes!

    RépondreSupprimer
  7. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  8. @ Anonyme
    Je ne me pose la question dans ces termes. Pour moi, la photographie est un moment privilégié de connivence (positive ou négative) entre le photographe qui jette son dévolu sur quelque chose ou quelqu’un qui le touche et l’objet-sujet (qui peut être aussi une personne, qu’un objet, une ambiance, un symbole …)

    @ Corinne
    Oui, c’est très juste ce que tu dis. L’instant « trafiqué » correspond plus à une vision déformée de la réalité. Mais est-ce bien la réalité que nous recherchons ?

    @ tifenn
    La photo est un instant d’immobilité au milieu de la tourmente, juste une facette prise au dépourvu délimitée arbitrairement par le photographe !

    @ JEA
    Quand les mots se mobilisent, la photo a intérêt à bien se tenir !

    @ versus
    C’est si graphe que ça ?

    RépondreSupprimer
  9. Nous sommes tous des photographes allemands.

    RépondreSupprimer
  10. @ Michèle
    Allemands 7 Pourquoi donc ?

    RépondreSupprimer