
Les clients l’écoutent, sourient ou sont gênés, équivoque des sentiments face à une femme qui s’affirme !
Il lui montre son livre. Sans même cligner des yeux, j’arrive à déchiffrer le nom de l’auteur et le titre, avec ma vue supérieure à 10 et qui faisait toujours l’étonnement des collègues de classe.
Dans ma tête, je les imprime, histoire de vérifier sur internet. Peut-être que c’est quelqu’un de connu par la gent livresque et que je ne connais pas par ignorance.
Oui, la photo, c’est bien lui, un peu plus mince, un peu plus sérieux … Décidément, elle ne s’attable pas avec n’importe qui !
Je pense qu’elle rêve d’être éditée ; elle a déjà tenté de séduire plusieurs maisons d’éditions, mais ils n'étaient pas preneurs. Elle ne comprend pas, n’admet pas, tous ses amis sont fous de ce qu’elle écrit.
Mais ses amis, hélas pour elle, ne sont pas pas des lecteurs moyens, la cible privilégiée des éditeurs. Il faudrait moins de causticité et plus de sentiments positifs ! Enfin, j’extrapole à travers les remarques qu’elle place haut et avec une certaine amertume.
Lui, je ne l’entends pas, il susurre, essaie de la calmer en prenant un petit air tristounet.
Ils enfilent café sur café, lui semble habitué, elle, un peu moins.
Je lui prédis une nuit d’insomnie et de beaux cernes grisés au petit matin. Elle n’ést pas si jeune, il faut qu’elle se batte maintenant et pour la célébrité et pour l’homme sur qui manifestement elle a des vues rapprochées.
Elle lui tapote la main, lui prend les doigts qu’il retire délicatement en faisant semblant de devoir se gratter ou de vouloir lui montrer un détail de son livre.
Malgré leur proximité, je sens comme un voile de distance entre eux. Peut-être suis-je simplement jalouse de cette apparente connivence.
J’avais, autrefois, connu des sentiments similaires l’espace d’une soirée, des sentiments qui semblaient partagés, alors j’avais joué la spontanéité et m’étais fait casser la figure quelques semaines après.
Cet homme à quelques pas de moi me rappelle cet autre. Quelque chose dans l’allure, dans le port de tête, dans la façon de sourire. Dans les traits, je ne sais pas, j’ai tout oublié des lignes de son visage, c’est étonnant moi qui me croyais physionomiste. Mais il existe des gens qui traînent derrière eux un brouillard vaporeux qui estompe les grandes lignes pour ne garder que le timbre de la voix ou l’éclat d’un sourire.
Bon, je vais arrêter de vivre par procuration, je paie mon chocolat chaud que j’ai bu froid à force de zieuter alentour, je me lève. Je passe près d’eux, elle me lance un regard inquisiteur à la limite de l’hostilité…lui me fixe dans les yeux d’un air interrogateur.
Je me dis, sceptique et blasée, que leur histoire finira comme la mienne …en eau de boudin.
Dans un café c'est terrible, les vies qu'on v(o)it...
RépondreSupprimerla scène de café (1), plus une fille cadavérique croisée aujourd'hui se sont mêlés et ont créé
une scene dans un café sur mon blog... :)
merci pour l'émulation
autant en déporte le ventilateur des désillusions...
RépondreSupprimerUne vie au café, oui - ils en auront vues, ces cafés, des vies désillusionnées...
RépondreSupprimerLa notion d'illusion est monnaie courante...
RépondreSupprimer"Mais il existe des gens qui traînent derrière eux un brouillard vaporeux qui estompe les grandes lignes pour ne garder que le timbre de la voix ou l’éclat d’un sourire."....Alors ça !!! j'en peste de jalousie.....autant le dire tout de suite !!!!....Pourquoi n'y ai-je pas pensé avant ....grrrrr!!!!;))
RépondreSupprimer@ Les Héphémères
RépondreSupprimerJ'ose espérer qu'il s'agit d'une toute petite jalousie provisoire ! Puis-je compter sur l'éclat d'un de vos sourires en guise de pacification ?
(vous n'avez rien à envier, pourtant, je vous assure !- Peut-être que nous sommes des outsiders !)
Tout simplement superbe et sans fioritures, avec un sens de l'observation tout en touches essentielles. De la grande écriture dont tu as le secret. Merci et à bientôt.
RépondreSupprimerVoilà une histoire rondement menée. Drôle d'affaire que l'observation dans un café. On aime à imaginer la vie de François, Vincent, Paul et les autres à la manière de Claude Sautet. Les coucher sur le clavier, les villipender, parfois les idolâtrer, puis les abandonner pour toujours.
RépondreSupprimer@ Mu LM
RépondreSupprimerVivre à travers le regard des autres, l’espace d’un café, j’ai lu ton bel espace, moi aussi !
@ JEA
Même au milieu des courants d’air les désillusions persistent !
@ aléna
Les bistrots auraient-ils remplacés les confessionnaux : on y chuchote à haute voix !
@ Marcel
Illusion à l’ancienne comme la présence des chnateurs dans un juke-box …
@ Edouard
Merci, lire sur les livres aussi est tout un art !
@ Blog_trotter
Oui, plus d’imagination que de faits concrets et les mauvaises langues (dont j’ai fait ma narratrice) peuvent sévir …
Si je vous rencontre dans ces endroits dangereux, promis : je ne vous espionnerai pas !
@ Virginie H
Des rencontres qui marquent et en même temps qui n’engagent pas, du moins, pas vraiment . C’est le regard qu’il soit intérieur ou extérieur qui peut titiller la créativité, je crois. Merci.
J'ai bien aimé ton texte, ta manière d'écrire. Blog découvert par l'intermédiaire de l'aide blogger en français !
RépondreSupprimerRevoilà mon mot qui ne sait plus ce qu'il disait (on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ;-)).
RépondreSupprimerRencontres, évocations. Naissance de l'imaginaire dans les endroits inconnus avec des gens inconnus. Non, ça n'engage à rien, on reste dehors.
Mais on se crée un dedans. :-)
@ Merci Lou. Je pars te rendre une visite à mon tour au milieu des jolis points !
RépondreSupprimer@ Virginie
Les mots une fois déposés s’envolent de l’esprit mais il en reste toujours quelque chose, merci pour cette répétition nouvelle !