vendredi 21 mai 2010

Affadissement


Un jour quand je vous aurai oublié, quand à mon tour, je me serai diluée dans l’espace, vous viendrez me trouver.

Je ne vous reconnaîtrai pas, ou alors, à peine.
Emmêlée dans les tours que j’ai concoctés pour tâcher de vous effacer, cent fois sur le métier remettant mon ouvrage.
J’essaierai peut-être, du fond de mes tiroirs cérébraux poussiéreux de rechercher ces bribes de mots archivés depuis longtemps qui m’avaient envoûtée.

Dernier sursaut-nostalgie avant réinitialisation. Le fil trop tendu trop longtemps sera rompu à jamais.
Alors, je vous dirai simplement bonjour, passez votre chemin, ces joutes d’abandon-séduction ne sont plus de mon âge.

Oui, je sais, un reste d’illusions : cela ne se peut pas, vous m’avez effacée depuis longtemps déjà.

8 commentaires:

  1. C'est tellement plus beau quand c'est inutile...

    A quel auteur fera-t-on croire cela ?!

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  2. J'affectionne particulièrement ces petits états de dissonance cognitive, terriblement vrais et humains.

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  3. Plusieurs lectures là encore? J'en vois deux... la chair et l'écriture... je me suis promis d'écrire un jour un truc là-dessus - c'est très très beau, ça Saravati. ça me touche au-delà de tout. Et tu vois, c'est là que tu es la meilleure je trouve : ça me fait penser à "celle qui est partie" (un doute sur le titre) et à "piquidée" qui déjà m'avaient bcp plu(e)s.
    Oui, très très beau celui-là :)

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  4. Non, non, je ne t'ai pas effacée. La preuve? Je suis venu te lire avant de me coucher. bonne nuit

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  5. Mais moi, je te reconnais. Je reconnais tes couleurs et tes instants, toute cette mémoire prise sur le vif. Le fil de l'écriture s'allonge indéfiniment... Et si c'est une illusion; qu'elle est belle! Elle représente si bien la Vie, que c'est à s'y méprendre!Bises
    Geraldine

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  6. Le "reste d'illusions" serait-il aussi de croire que l'on peut agir sur notre mémoire...?
    Très beau texte que je lis comme une joute sur l'oubli.

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  7. @ JEA
    A mon tour de vous envoyer ma (modeste) bénédiction …

    @ Nicolas
    L’inutile donne aux choses une épaisseur parfois insoupçonnée

    @ Les Héphémères
    Des petits éclats de dissonance convergents finissent par donner un supplément de sens, non ?

    @ Aléna
    Tu sais bien que j’ai souvent l’esprit un peu dédoublé et que je suis assise entre deux chaises, pas toujours confortable mais suggestif !
    C’est super gentil ce que tu me dis là, ça met un baume sur mon âme d’écorchée entre deux ! Merci !

    @ Philippe
    Ouf, tu es là ! J’avais cru, j’avais craint …tant mieux si tu as perdu ta gomme !

    @ Géraldine
    Ton commentaire me touché énormément.
    Que les fils de nos écritures puissent encore se croiser longtemps, merci. Amitiés.

    @ Al-zahr
    La mémoire est sélective, toujours !
    Merci, l'oubli n'est jamais complètement vaincu cependant, il envoie des relents quand on s'y attend le moins.

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